Sermons 2016

La philosophie du châtiment et du pardon en Islam

Sa Sainteté le Calife a évoqué, dans son sermon du 23 septembre 2016, la philosophie islamique derrière le pardon et la punition à la lumière de la conduite du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.).

Sermon du vendredi 23 septembre, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a décrit, à une occasion, en ces termes les signes du véritable croyant : il aime pour son frère ce qu’il aime pour sa personne. C’est là un principe directeur qui peut – aussi bien dans le foyer que dans les relations internationales – engendrer la paix et l’affection, mettre fin à la discorde, attendrir les cœurs et pousser les gens à accorder autrui leurs droits. J’ai présenté, à maintes reprises, cette règle aux non musulmans et ils en ont été fort impressionnés. Or, notre but ne se limite pas à prononcer de belles paroles et à vouloir impressionner autrui. Notre objectif est de prouver, par nos actions, cette règle ainsi que tous les beaux enseignements de l’Islam.

Les non-musulmans pourront dire : « C’est là, certes, un très beau précepte, mais combien sont-ils parmi vous à l’appliquer ? Combien ne font pas montre d’égoïsme lorsqu’il faut le respecter ? »

La beauté d’un principe se dévoile lorsqu’on pratique ce qu’on prêche.

Les autres ne se contentent pas de nous écouter : ils nous observent également. Au cours de mon dernier sermon du vendredi prononcé en Allemagne, j’avais évoqué l’objection soulevée par un commissaire du district lors de l’inauguration d’une mosquée. Il disait : les [hommes] ahmadis font montre d’un comportement malséant à l’égard des femmes en refusant de leur serrer la main. Suite à ma réponse détaillée un invité a commenté : « Il est certes vrai que tout le monde est libre : chacun a le droit de suivre les préceptes de sa religion ou de ses traditions, tant qu’ils ne nuisent pas au pays ou à la population. Or, les propos de votre Calife se révéleront exacts lorsque les jeunes ahmadis ou quand la majorité [des ahmadis] suivront ses conseils. »

Lorsque nous évoquons un enseignement religieux et de hautes qualités morales, on scrute également nos actions. L’on ne peut nier l’existence de ces conseils prodigués par le Saint Prophète (saw), conseils visant à rehausser les valeurs éthiques des croyants. [Il a déclaré :] « Vous serez de véritables croyants lorsque vous posséderez de hautes qualités morales, quand vous respecterez, au plus au point, les sentiments et la sensibilité des un et des autres. »

Quelle est cette norme ? C’est de préférer pour autrui ce qu’on aime pour soi-même. Il ne faut point invoquer la justice quand on réclame ses droits pour ensuite se comporter négativement lorsqu’on doit respecter ceux d’autrui.

Nous réclamons ardemment nos droits : de même, nous devons respecter ceux d’autrui. Ayant commis une faute, nous souhaitons l’indulgence d’autrui, nous désirons éviter tout jugement et toute punition. Lorsque autrui commet une faute, et que nous en subissons les conséquences, nous devons, nous aussi, lui pardonner à condition qu’il ne soit pas scélérat endurci et qu’il ne commette pas ces méfaits de manière répétée.

Cependant, si cette faute nuit aux intérêts de la djama’at ou à ceux de la nation, elle n’est plus individuelle : cela devient délit national. Les instances [concernées] et non des individus, sont habilités à rendre des verdicts à propos d’une telle personne.

En tout cas, je posais la question suivante : dans nos relations de tous les jours sommes-nous prêts à accorder à autrui ce que nous considérons être, pour nous, un droit légitime ? Avons-nous ces mêmes considérations à l’égard de notre prochain ? Le foyer, les amis, les frères et sœurs forment l’unité fondamentale de toute société. En agissant de la sorte sur une toute petite échelle et dans un cercle restreint, nous réussirons à propager ces valeurs à une grande échelle dans notre société. L’égoïsme disparaîtra, l’on œuvrera davantage en faveur du respect des droits d’autrui, l’on sera davantage indulgent et moins enclin à châtier autrui ou à le faire punir.

Dans le Saint Coran, Dieu nous enjoint d’être vigilants quant aux droits fondamentaux et aux nécessités d’autrui : Il nous recommande de pardonner à autrui. Il affirme :

الَّذِينَ يُنْفِقُونَ فِي السَّرَّاءِ وَالضَّرَّاءِ وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

« Ceux qui dépensent dans la prospérité et dans l’adversité, et ceux qui refrènent leur colère et qui pardonnent aux autres ; et Allah aime ceux qui font le bien. » (Saint Coran, chapitre 2, verset 134)

Dans ce verset, Dieu nous enjoint d’accorder aux nécessiteux leurs droits. Le Mohsin est celui qui aide son prochain ; il est bienfaisant, vertueux et respecte les préceptes de la Taqwa. Il respecte certainement les droits d’autrui de manière désintéressée, il dépense en secret et ouvertement pour le plaisir de Dieu. Celui-là n’est point coupable d’égoïsme. Il ne peut souhaiter du mal pour son frère. Ceux-là progressent spirituellement et méritent l’amour divin.

Ensuite Dieu déclare que les Mohsinine (bienfaiteurs) contrôlent leurs émotions. Ils ne se contentent pas de se maîtriser quand il est tout à fait naturel de se mettre en colère. L’on saura à quel point l’on arrive à se maîtriser lorsqu’on pardonnera le coupable après avoir gardé son sang-froid.

Ceci n’est point une action ordinaire : se débarrasser le cœur de toute colère et de toute idée de représailles n’est pas chose facile. Être bienfaisant envers son offenseur, après l’avoir pardonner, est un comportement grandiose. Allah souhaite que le croyant possède ces qualités.

On trouve mention d’un récit à propos de Sayyedina Hassan. Il était très en colère suite à une faute commise par un de ses esclaves et il a voulu le punir. L’esclave a cité cette partie du verset :

وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ

Sur ce Sayyedina Hassan a baissé sa main avec lequel il voulait le frapper.

Pris de courage, l’esclave a cité la partie du verset qui dit «… ceux qui pardonnent à autrui… »

Sur ce, Hassan, obéissant à l’ordre de Dieu, a déclaré : « Je te pardonne. » L’esclave, gagnant en confiance, a ajouté :

وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

À savoir, Dieu aime ceux qui font le bien. Sur ce, Hassan a dit : « Je t’affranchis, tu es libre de partir où bon te semble. »

Ceux qui souhaitent obtenir l’amour de Dieu et qui Le craignent agissent de la sorte : ils pardonnent aux offenseurs et ils leur rendent également service.

Commentant sur ce verset, le Messie Promis (a.s.) dit : « Ayez toujours à l’esprit que celui qui est sévère, et qui se laisse emporter par la colère ne peut jamais proférer des paroles de pardon et de sagesse, car est privé de sagesse le cœur de celui qui est porté par la colère et qui se met hors de lui lorsqu’il est face à son semblable. Celui dont l’esprit est malsain et la langue débridée est privé de la source des [sagesses] subtiles ; et il ne peut prononcer des paroles vertueuses. »

Il ajoute : « La colère et la sagesse ne vont pas de pair ; celui qui s’emporte et entre dans une rage folle est inepte et obtus. Il ne remporte aucune victoire ni ne mérite-t-il aucun soutien dans aucun domaine. La colère est la moitié de la folie ; mais quand elle prend de l’ampleur, elle se transforme en démence totale. »

Le Messie Promis (a.s.) continue : « Sachez qu’il existe entre l’intelligence et la colère une inimitié des plus farouches. L’on n’est plus capable d’agir avec discernement quand on s’emporte et quand on est ivre de colère. Or, la personne patiente et indulgente reçoit une lumière, qui affine son esprit et son intelligence, une lumière qui ne cesse de croître. Quand on se met dans une colère noire et l’on s’emporte, un voile ténébreux recouvre et l’esprit et le cœur. Et les ténèbres en engendrent d’autres. »

Les préceptes de l’Islam regorgent de sagesse. Si vous êtes en conflit contre quelque chose ou quelqu’un, si une sanction est indispensable suite à une erreur commise, c’est après mûre réflexion que vous devez prendre une décision et non pas sous le coup de la colère. Certes la sévérité est indispensable en certains cas : or elle ne doit résulter de la colère.

Quoique le concept des sanctions existe en Islam, il est encadré par des principes et des règles. Décider d’une sanction en état de colère éloigne de la sagesse et de la justice. Le Messie Promis (a.s.) explique que l’application d’une sanction en état de colère endurcira le cœur. Lorsque les cœurs s’endurcissent, l’on ne peut énoncer des paroles imbues de savoir et de sagesse : on perd la raison. Voilà pourquoi Allah l’Exalté nous enjoint de refréner notre colère et de garder notre sang-froid avant de décider de punir ou pas, à condition que nous soyons habilités à le faire. Il n’est point dit que tout le monde a le droit d’imposer une peine. Afin de contenir sa colère il est nécessaire d’accroître sa capacité à être patient.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Ceux qui sont patients voient leurs capacités intellectuelles et leur esprit s’illuminer, leurs pensées sont matures et s’illuminent. Ils sont également guidés par Allah l’Exalté.

Aucune précipitation ne transparaît dans les décisions prises par les croyants, même quand cela concerne des affaires qui les déplaisent : ils prennent une décision réfléchie, pétrie de patience, après avoir étudié, en détail, les aspects positifs et négatifs de la chose. »

Tout le monde n’est pas habilité à sanctionner. Vous ne pouvez affirmer : « Après réflexion, ma raison me dicte qu’il faut punir, et c’est pour cette raison que je sanctionne. » Les peines sont infligées, à notre époque, par les instances concernées. Une personne peut pardonner à ceux qui l’ont lésé : or, pour sanctionner [ses offenseurs], la victime doit prendre l’aide de la loi ou celle des instances habilitées. Si on gardait toujours cela à l’esprit, les conflits qui résultent de petits problèmes n’auraient pas lieu.

L’on ne s’intentera plus des procès, perdant ainsi du temps et de l’argent. Celui qui a apporté l’affaire devant la justice devient furieux si l’accusé a été pardonné ou s’il n’a obtenu une sanction légère. Du coup, le plaignant fait appel et l’affaire est portée devant une autre instance, alors que le litige en question n’est pas gravissime. De telles affaires sont présentées à la Qadha. Certains ahmadis disent même : « Nous ne voulons pas que la Qadha statue sur notre affaire. Nous irons directement au tribunal. » Ces affaires insignifiantes ne nécessitent pas des procès et de ce fait ils subissent également des pertes.

Dieu nous enseigne la sagesse du pardon et de la sanction en ces termes :

وَجَزَاءُ سَيِّئَةٍ سَيِّئَةٌ مِثْلُهَا فَمَنْ عَفَا وَأَصْلَحَ فَأَجْرُهُ عَلَى اللَّهِ إِنَّهُ لَا يُحِبُّ الظَّالِمِينَ

« Le paiement d’un préjudice est une sanction proportionnelle ; mais celui qui pardonne et par là apporte une réforme, sa récompense est auprès d’Allāh. Assurément, Il n’aime pas les injustes. » (Saint Coran, chapitre 42, verset 41)

L’objectif est de faire prendre conscience au coupable [son tort] afin qu’il se réforme. Le but n’est pas de se venger ou de lancer des procédures judiciaires, de perdre ainsi son argent et son temps et de le faire perdre également au camp adverse. Si l’affaire est jugée au sein de la communauté certains s’en donnent même à la médisance contre l’institution [de la djama’at]. Si on peut conduire à la réforme en pardonnant, il est préférable de pardonner. Si la sanction est indispensable pour la réforme, la sagesse exige que sanction soit imposée, et dans ce cas l’affaire peut-être, sans aucun doute, amenée devant les instances compétentes.

Le Messie Promis (as) a évoqué, à de nombreuses reprises, la sagesse de ce principe. Il en mentionne dans [son ouvrage] Tiryaqoul Quloub : « Selon le principe de justice, la sanction doit être à la hauteur du tort commis, mais si une personne pardonne au coupable, à condition que ce pardon engendre sa réforme et non pas de la hardiesse et de l’effronterie, en ce cas, la personne clémente recevra une grande récompense de la part de Dieu. »

Ensuite, il écrit dans Braheen-e-Ahmadiyya : « En ce qui concerne les litiges, le principe de justice préconise que le fautif soit sanctionné à la hauteur des torts commis, mais celui qui, en pardonnant, engendre de la réforme et non pas des conséquences néfastes, trouvera sa récompense auprès de Dieu. »

Le pardon et la clémence sont recommandés lorsqu’on constate que le coupable ne commettra pas la même faute à l’avenir. Il est des malfaiteurs endurcis qui récidivent pour ensuite implorer l’indulgence. Pareils individus méritent d’être châtiés. Et le châtiment infligé doit être propice à la réforme.

Dans un autre endroit, le Messie Promis (a.s.) déclare : « Le châtiment d’un préjudice est une sanction proportionnelle. Or, si le pardon accordé au [coupable] engendre sa réforme et non sa dépravation, Dieu en sera content et récompensera [la personne clémente]. Ainsi selon le Coran, ni la vengeance ni la clémence ne sont louables en toute situation. Il est essentiel de prendre en considération le contexte. »

Il faudra prendre en considération la situation et l’action qui sera la plus avantageuse : est-ce la punition ou la clémence ? La vengeance et le pardon doivent être appliqués conformément à la situation et [à ses] exigences. Il ne faut point les appliquer sans discernement. Voilà le sens que présente le Coran. Il ne préconise point le châtiment en toute occasion ou une clémence sans discernement. Il est des limites à respecter et toute action doit être motivée par les avantages qu’elle comporte.

Voilà en somme la sagesse du châtiment et de l’indulgence selon l’Islam : la réforme doit être prise en considération. Nous constatons, qu’en accord aux lois de ce monde, tout délit est passible d’une peine. On emprisonne les coupables afin qu’ils se réforment. Or, les analystes des pays développés affirment que les criminels commettent plus de délits après avoir purgé leurs peines : la raison est que ceux qui imposent ces sanctions, ainsi que les criminels se contentent d’appliquer la loi. La crainte de Dieu est absente chez eux. Le croyant est enjoint de faire montre d’indulgence et de prendre sa décision en jugeant la nature du délit, la situation du coupable ainsi que son comportement passé. Allah ne désire point qu’on pardonne aveuglément à tout bout de champ ou qu’on inflige des châtiments [à toute occasion] sous le coup de la colère. Une indulgence outrancière corrompra la société. Infliger des châtiments en toute situation engendrera rancœur et l’inimitié, érigera des murs de haine dans la société et fera foisonner l’anarchie.

Ceux qui sont lésés insistent et exigent que les coupables soient châtiés, afin que la punition serve d’exemple et que personne n’ait le courage de commettre aucun délit. Le coupable, quant à lui, affirme qu’il faut lui pardonner.

De nombreux organismes défendent aujourd’hui les droits de l’homme : ils accomplissent, certes, un travail louable. Or ils vont à l’extrême en s’efforçant à faire amnistier tous les coupables.

D’ailleurs, les fautifs qui connaissent, un tant soit peu, les préceptes religieux et divins affirment qu’Allah enjoint l’indulgence. Il insiste pour être pardonné, car Allah Lui-même pardonne les coupables.

Selon lui, toute victime ainsi que la djama’at doit pardonner, que cela soit avantageux ou pas à la communauté. [Le pardon] doit être général afin que l’on respecte les droits d’autrui, insiste-t-il.

Ceux qui, des deux côtés, défendent avec véhémence leurs opinions, sont des fautifs endurcis ou ils souhaitent que le jugement s’écarte de la justice. Le premier commet un délit, et pour éviter la peine qu’il encourt, cite à mauvais escient l’ordre divin. Ceux-là ne cherchent que leurs intérêts. Si un autre les lèse, ils ne sont pas prêts à lui pardonner : ils remuent ciel et terre afin de faire punir le coupable. En somme, leur principe change dans ce cas. En pareil cas, ils oublient le précepte qui enjoint de préférer pour autrui ce qu’on aime pour soi-même.

De même, celui qui ne veut pas pardonner et qui souhaite que son offenseur soit puni coûte que coûte implorera l’indulgence quand il est coupable. L’Islam rejette les déclarations de ces égoïstes et rend des verdicts basés sur une justice impartiale. [Selon l’Islam], la clémence est recommandée s’il est certain que le coupable se réformera. Or, il doit être puni s’il est évident que le châtiment est indispensable. C’est là un précepte fondamental de l’Islam.

Voyons à présent jusqu’à quel point le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) faisait montre de clémence et quels étaient ses conseils à ses compagnons à cet égard.

J’ai cité l’exemple de Sayyedena Hassan qui avait pardonné la faute d’un de ses employés. Or, c’était là une faute mineure. La vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) nous offre [des exemples] de la clémence à son apogée : il avait même pardonné à ceux qui avaient été d’ores et déjà condamnés. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’a pas pardonné à celui qui avait lésé une tierce personne. Parce qu’ils s’étaient réformés, il avait amnistié ceux qui l’avaient lésé, ceux qui avaient tué ses enfants.

L’on trouve mention d’un certain Habbar Bin Aswad dans les récits : il avait donné un coup de lance mortel à Zaynab, la fille du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quand cette dernière s’apprêtait à quitter La Mecque pour Médine. Zaynab était enceinte : elle a perdu son enfant et est décédée des suites de sa blessure. Habbar a été condamné à mort pour son crime : il avait pris la fuite après la conquête de La Mecque. Or, il s’est présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quand celui-ci est retourné à Médine. Il déclara : « J’implore votre clémence. J’ai pris la fuite parce que j’avais peur de vous. Or, votre clémence et votre mansuétude m’ont attiré vers vous. Ô Prophète de Dieu ! Nous étions d’ignares polythéistes. Dieu nous a guidés par votre entremise et nous a protégés de la destruction. J’avoue mes crimes. Daignez oublier mon ignorance et pardonnez-moi ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a ainsi pardonné au meurtrier de sa fille. Il a déclaré : « Je te pardonne ô Habbar ! C’est là une faveur divine que tu as pu embrasser l’Islam. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a gracié l’assassin de sa fille lorsqu’il a constaté qu’il s’était réformé. »

Aisha (r.a.) relate : « Jamais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne s’est vengé pour un tort personnel. C’est pour cette raison qu’il a aussi pardonné à la juive qui avait tenté de l’empoisonner, quoique certains de ses compagnons avaient déjà subi les effets du poison.

Hind avait, lors de la bataille d’Uhud, mutilé le corps de Hamza, l’oncle du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Elle avait tranché les membres de sa dépouille, ses oreilles, son nez : elle avait fait sortir son foie pour le mâcher. Elle fit la bai’ah en compagnie d’autres femmes, après la conquête de La Mecque. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) la reconnut par ses questions et lui demanda : « Es-tu Hind, la femme d’Abu Sufyan ? » Elle répondit : « Oui ! Ô Prophète d’Allah ! Or, je suis musulmane de cœur à présent. Pardonnez-moi mon passé. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui accorda son pardon : cela eut un effet profond sur elle et la transforma entièrement. Elle devint très sincère : voire elle convia le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à un repas et lui offrit deux chèvres rôties, lui disant : « Nous n’avons pas beaucoup d’animaux ces temps-ci. Daignez accepter cet humble présent de ma part ! »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pria pour elle en ces termes : « Ô Allah ! Béni le bétail de Hind. » Cette dernière possédait, suite à cette prière, un si grand troupeau qu’elle n’arrivait pas à s’en occuper. »

Tout le monde connaît bien Abdullah Bin Ubay Bin Salul, le chef des hypocrites. Il fut pardonné en dépit de ses insolences et le Saint Prophète dirigea même ses prières funéraires, en dépit de l’insistance d’Umar (r.a.) quant au contraire.

Ka’ab Bin Zahir était un poète de renom. Il fut condamné suite à certains de ses méfaits. Après la conquête de La Mecque, son frère lui écrivit et lui conseilla d’implorer la clémence du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ainsi, il vint à Médine et logea chez une de ses connaissances. Il accomplit la prière de Fajr à la mosquée, derrière le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Après la prière, il annonça au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « Ô Prophète d’Allah ! Ka’ab Bin Zahir s’est repenti et vous demande pardon. » Le Saint Prophète ne le connaissait pas de visu. Ka’ab ajouta : « Peut-il se présenter à vous avec votre permission ? » Le Prophète lui donna la permission. Ka’ab répondit : « Ô Prophète d’Allah ! Je suis Ka’ab Bin Zahir. »

Un Ansari se leva et voulut le tuer en raison de sa condamnation à mort. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’en empêcha : « Il est venu solliciter ma clémence. Laissez-le. »

Ka’ab présenta au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) un poème qu’il avait composé. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) exprima sa joie et lui offrit sa couverture. C’était ainsi que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pardonnait les autres. Non seulement faisait-il montre de clémence, mais il offrit à autrui des cadeaux et pria pour lui.

Il existe d’innombrables récits sur la clémence du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Une clémence inouïe qui nous laisse bouche bée.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Les Élus de Dieu sont vilipendés et insultés. Ils sont tourmentés à outrance. Or, ils ont reçu l’ordre de se détourner des ignorants. On a commis mille et un outrages contre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), lui qui était l’homme parfait : il a été insulté et conspué. Or, quelle fut la réaction de cette personnification de la bonté ? Il a prié pour ses pourfendeurs. Allah promettait de protéger son honneur et sa vie, s’il se détournait des ignorants et affirmait que ces infâmes ne pourront lui causer aucun tort. Il en fut ainsi : les ennemis du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne purent porter atteinte à son honneur : ils furent humiliés et tombèrent à ses pieds ou ont été détruits devant ses yeux. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait conseillé à ses compagnons d’être très cléments et bienveillants. Les hadiths regorgent de nombreux exemples à cet effet. Je vous en présente quelques-uns.

Un individu se présenta une fois au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui annonça : « Ô Envoyé d’Allah ! Mon esclave commet des délits. Est-ce que je peux lui infliger des punitions corporelles ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui répondit : « Tu dois lui pardonner soixante-dix fois par jour. » C’est-à-dire être très indulgent à son égard. »

Voilà la norme fixée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quant au traitement des employés et des subalternes.

Je dois aussi ajouter que l’esclavage n’existe plus aujourd’hui. Un employé, qui est croyant, doit assumer pleinement ses responsabilités, s’acquitter de ses devoirs à cet égard. Il serait malséant de commettre des fautes pour la simple raison que le pardon est recommandé par Dieu. [À l’instar de la clémence], ailleurs nous sommes enjoints d’assumer pleinement nos responsabilités. Ainsi, les deux parties concernées ont reçu des ordres : l’employeur ne doit pas se fâcher pour des broutilles et doit être indulgent. De même, l’employé doit assumer pleinement ses responsabilités.

Le Messie Promis (a.s.) nous prodigue en ces termes des conseils concernant l’indulgence et le pardon.

« Cette djama’at a été créée afin d’orner la langue, les oreilles, les yeux et tous les membres du corps de la Taqwa, afin que sa lumière pénètre à l’intérieur comme à l’extérieur, afin que ses adhérents fassent montre de hautes valeurs morales, afin qu’ils évitent toute colère injustifiée. »

« Or, je constate, dit le Messie Promis (a.s.), que nombre d’adhérents sont, jusqu’à présent, victimes de leur colère. Ils nourrissent rancœur et inimitié pour un rien et se querellent. Pareilles gens n’ont pas de place dans ma djama’at. Est-ce aussi difficile d’écouter les insultes d’autrui sans broncher et sans répliquer ? La réforme de toute communauté débute avec les valeurs morales et la bienséance. De prime abord, il faudra se réformer par la patience. La meilleure méthode est de prier ardemment pour celui qui vous insulte. Priez pour qu’Allah le réforme et ne nourrissez point d’animosité à son encontre. »

Il faudra effectuer sa réforme en faisant preuve de patience et faire aussi la réforme des autres. La prière est la méthode préconisée afin qu’Allah nous réforme et qu’Il débarrasse nos cœurs de toute rancune. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Allah n’aime pas qu’on remplace, par la cruauté, des valeurs aussi nobles que la bonté, la patience et l’indulgence. Vous rencontrerez Dieu en peu de temps si vous progressez dans ces valeurs. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « C’est vrai que tout le monde n’a pas le même caractère. C’est pour cette raison que le Coran affirme :

كُلٌّ يَعْمَلُ عَلَى شَاكِلَتِهِ

c’est-à-dire, chacun agit selon sa façon. Or, si un individu possède certaines bonnes qualités, il a aussi des faiblesses. Si une veine le mène à la vertu, une autre le mène au mal : or, nous ne pouvons affirmer qu’il est impossible qu’il se réforme. »

Allah a conféré des caractères différents à chaque individu : certains ont de très bonnes qualités et ils progressent dans ces domaines. Or, ils sont faibles dans d’autres domaines. Cela ne signifie pas, dit le Messie Promis (a.s.), que ces personnes ne peuvent se réformer et qu’ils ne peuvent adopter toutes ces qualités.

Certes les caractères des hommes sont différents : ceux qui ont des faiblesses possèdent aussi de très bonnes qualités. Cela ne signifie guère que d’aucuns ne possèdent que des défauts et aucune bonne qualité. Le Messie Promis (a.s.) désire que nous tentions de nous réformer en respectant les préceptes divins et d’adopter ces hautes valeurs morales qui conviennent à un véritable croyant.

L’on doit s’évertuer à se débarrasser de ses faiblesses. Nous devons nous évertuer à faire foisonner la paix. Pour ce faire, il faudra respecter le principe énoncer par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à savoir, d’aimer pour son frère ce qu’on aime pour soi-même. Qu’Allah nous permette de respecter ces normes.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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