Sermons 2019

Compagnons de Badr

Dans son sermon du 13 septembre 2019, Sa Sainteté le Calife a évoqué d'autres compagnons ayant participé à la bataille de Badr.

 Sermon du vendredi 13 septembre 2019, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Je vais continuer dans la série de sermons sur les compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais de prime abord je souhaite parler à propos de l’Ijtema du [Majlis] Ansaroullah (organisation auxiliaire des aînés de l’Ahmadiyya). Parmi lesdits compagnons, il y avait des Ansar et des Mouhajirine : lorsqu’ils ont embrassé l’islam, ils se sont transformés, laissant des exemples sublimes de sacrifices et de haut niveau de Taqwa et de sincérité.

La majorité de ceux d’entre vous qui sont présents ici, et qui font partie de l’Ansaroullah, sont à la fois des Ansar et des Émigrants. Ainsi, vous devez accomplir votre introspection et examiner jusqu’à quel point vous êtes en train de suivre les exemples que [je] vous présente.

Après cette introduction, j’entame le sujet d’aujourd’hui. Le premier compagnon se nomme Al-Nou’man ou Al-Nou’ayman Bin ‘Amr.

Il se nommait Al-Nou’ayman ou Al-Nou’man selon les récits. Son père se nommait ‘Amr Bin Rifa’ah et sa mère Fatimah Bint ‘Amr. Les enfants d’Al-Nou’ayman se nommaient : Muhammad, ‘Amir, Sabrah, Loubabah, Kabsha, Maryam, Oumm Habib, Amatoullah et Hakimah.

Selon Ibn Ishaq, Al-Nou’ayman avait participé à la deuxième Bai’ah d’Aqabah en compagnie de 70 Ansar. Al-Nou’man avait participé à la bataille de Badr, celle d’Ouhoud, celle du fossé et [également] à toutes les autres batailles en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Selon un récit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Ne dites que le bien à propos d’Al-Nou’ayman, car il aime Allah et Son Prophète. »

Al-Nou’ayman est décédé à l’époque de l’Emir Mou’awiyah en l’an 60 de l’hégire.

Oumm Salamah relate : « Un an avant le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Abou Bakr est parti à Bousrah, une ancienne ville très connue de la Syrie. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait logé dans cette ville lorsqu’il avait accompagné son oncle dans une caravane commerciale et aussi lorsqu’il était parti vendre les marchandises de Khadijah, accompagné à l’époque de Maysarah, l’esclave de cette dernière. »

Un an avant le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Abou Bakr avait entrepris ce voyage accompagné d’Al-Nou’ayman et de Souwaybit Bin Harmalah. Ces deux compagnons avaient aussi participé à la bataille de Badr.

Lors de ce voyage en compagnie d’Abou Bakr, Al-Nou’man était responsable des provisions. Ce fut lors de ce voyage que son compagnon l’avait vendu à une tribu par plaisanterie. J’avais mentionné cet incident en évoquant Souwaybit. J’en fais mention brièvement maintenant. Souwaybit était un plaisantin. Selon certains récits, tout deux étaient proches et aimaient plaisanter. Souwaybit a demandé à Al-Nou’man de lui donner à manger. Ce dernier a répondu : « Tant qu’Abou Bakr ne viendra pas, je ne te donnerai rien à manger. » Souwaybit a répondu : « Si tu ne me donnes pas quelque chose à manger, je vais faire quelque chose qui va te mettre en colère. »

Le rapporteur déclare, qu’ils sont passés tout près d’une tribu. Souwaybit leur a demandé : « Souhaitez vous acheter un esclave de moi ? » [Cette transaction] aurait eu lieu lors du voyage. Les membres de la tribu ont accepté sa proposition. Alors, Souwaybit leur a dit : « Cet esclave parle beaucoup. Il dira qu’il est libre et quand il vous demandera de le libérer vous ne devez pas le faire de peur de le corrompre. » Ils ont répondu : « Certainement pas ! Nous allons te l’acheter. » Et ils lui ont payé le prix de dix chamelles. Ensuite, ces gens ont attaché une corde ou un turban autour du cou d’Al-Nou’ayman en faisant de lui leur esclave. Al-Nou’ayman leur a dit : « Il plaisante avec vous ! Je suis un homme libre, pas un esclave. » Les membres de la tribu ont répliqué : « Il nous avait bien avertis que tu allais dire cela ! » En tout cas, ils l’ont emmené de force. Quand Abou Bakr est retourné et qu’on l’a informé à propos de l’affaire, il est parti à la recherche de cette tribu, leur a retourné leurs chamelles et a repris Al-Nou’man.

Le rapporteur déclare que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons ont beaucoup ri lorsqu’on leur a rapporté l’histoire. Ils ont raconté la blague pendant un an.

Certains recueils font mention du même récit avec une différence, notamment que c’était Al-Nou’man et pas Souwaybit qui avait fait la vente. En tout cas, on trouve mention de ces deux compagnons dans ce récit.

On dit aussi qu’Al-Nou’ayman était un plaisantin. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) tirait du plaisir à l’écouter. Rabi’ah Bin ‘Outhman raconte : « Un Bédouin a visité le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et avant d’entrer dans la mosquée, il a laissé son chameau dans la cour de la mosquée. Certains compagnons ont dit à Al-Nou’man : « Si tu égorges ce chameau nous le mangerons, car nous avons grand envie de manger de la viande. C’est le chameau du Bédouin. Il va s’en plaindre au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et celui-ci le compensera. » Ils ont pu convaincre Al-Nou’man, qui a donc égorgé l’animal. Lorsque le Bédouin est sorti et a vu l’état de sa monture, il a fait grand bruit : « Ô Muhammad ! Voici qu’on a égorgé mon chameau ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti et a demandé qui avait commis cet acte. Les gens ont répondu : « C’est Al-Nou’man ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti le chercher. Celui-ci était parti se cacher quelque part. En fin de compte, il l’a trouvé chez Douba’ah Bint al-Zoubayr Bin ‘Abdil Mouttalib. Là-bas une personne a indiqué dans sa direction tout en lançant à haute voix : « Ô Envoyé d’Allah ! Je ne le vois pas ! » En tout cas, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’a fait sortir de sa cachette et il lui a demandé pourquoi il avait commis cet acte.  Al-Nou’man a répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Ceux qui vous ont informé que j’ai égorgé cet animal m’ont poussé à le faire. Tout en disant que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) paiera la compensation. » En entendant cela, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a touché le visage d’Al-Nou’man et il a souri. Il a ensuite compensé financièrement ce Bédouin. »

Dans l’ouvrage Al-Fouqaha’ Wal-Madhahib, Zoubayr Bin Bakkâr a relaté l’incident suivant concernant Al-Nou’man. Quand un marchand ambulant passait par Médine, Al-Nou’man lui acheta un petit quelque chose pour l’offrir au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), en lui disant que c’était un cadeau de sa part.  Quand après sa tournée le marchand, qui connaissait Al-Nou’man, alla chez lui pour lui demander son dû, Al-Nou’man l’emmena chez le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en lui disant de payer [le marchand]. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui demanda alors s’il ne lui avait pas offert cet objet en cadeau. Al-Nou’man répondait : « Ô Envoyé d’Allah ! Je jure que je n’avais pas l’argent pour acheter ce produit, mais je souhaitais vous l’offrir en cadeau. » Il s’agissait d’un aliment ou autre produit. À quoi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) sourit et demanda qu’on payât le marchand. 

Ainsi donc ces rencontres n’étaient pas austères : on y faisait montre d’affection et on y plaisantait.

Khoubayb Bin Isâf est le deuxième compagnon d’aujourd’hui. Il appartenait à la branche des Banou Jacham de la tribu de Khazraj. Selon un autre rapport, il se nommait Habib Bin Yousouf. Son père se nommait Isâf ou Yousouf selon un autre récit. Son grand-père se nommait ‘Itabah ou ‘Inabah selon divers récits. Sa mère se nommait Salmah Bint Mas’oud. Un de ses fils portait le nom d’emprunt Abou Kathir et se nommait ‘Abdoullah [à l’origine] : Jamila bint ‘Abdillah Bin Oubay Bin Saloul était sa mère. Son deuxième fils se nommait ‘Abdour Rahman et la mère de ce dernier se nommait Oumm Walad. Khoubayb avait une fille nommée Ounaysah dont la mère se nommait Zaynab bint Qays. Après le décès d’Abou Bakr, Khoubayb s’est marié avec sa veuve, Houbaybah Bint Kharijah.

Khoubayb n’avait pas accepté l’islam jusqu’au moment de l’émigration du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), mais il avait quand même servi généreusement les Emigrants qui venaient s’établir à Médine.

Talhah Bin ‘Abdillah et Souhayb Bin Sinan avaient logé chez lui selon un récit. Selon un autre rapport, Talhah avait logé chez Asad Bin Dararah.

Lors de sa venue à Médine, Abou Bakr As-Siddiq aurait logé chez Khoubayb à Souna’ dans la région de Qouba dans les hauteurs aux alentours de Médine où logeaient les Banou al-Harith Bin al-Khazraj. Mais selon un autre récit Abou Bakr aurait logé chez Kharijah Bin Zayd.

Khoubayb avait participé aux batailles de Badr, d’Ouhoud, et du fossé ainsi qu’à d’autres batailles menées par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Selon un récit Khoubayb aurait campé à Médine [en partance pour la bataille de Badr] mais il n’avait pas encore accepté l’islam, jusqu’au moment où le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait pris le départ pour la bataille. Il est parti à la rencontre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en cours de route et il a embrassé l’islam.

Le recueil de Mouslim relate ainsi la conversion de Khoubayb. ‘Aïcha, l’épouse du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) relate : « En partance pour la bataille de Badr, quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est arrivé à Harat al-Ghabrah, situé à environ 5 kilomètres de Médine, un individu, connu pour sa bravoure est venu le rencontrer. Les compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) étaient très contents de le voir. Il a dit au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qu’il souhaitait l’accompagner et avoir sa part du butin. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé : « Est-ce que tu crois en Allah et en son Messager ? » « Non », a-t-il répondu. En effet il n’était pas musulman. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de répliquer : « Retourne, car je ne vais pas prendre l’aide d’un polythéiste. » Khoubayb est parti pour ensuite rencontrer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de nouveau lorsque celui-ci est arrivé à Chajarah situé à environ 11 kilomètres de Dhoul-Halifah à Médine. Il a réitéré son souhait et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a donné la même réponse, à savoir, « Pars d’ici. Je ne vais pas prendre l’aide d’un polythéiste. »

Ensuite lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est arrivé à Baydah, non loin de Chajarah, et à environ 11 kilomètres de Dhoul-Halifah à Médine, Khoubayb l’a rencontré de nouveau. Et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a donné la même réponse, notamment qu’il n’accepte pas l’aide d’un polythéiste. Ensuite il lui a demandé : « Est-ce que tu crois en Allah et en Son Prophète (s.a.w.) ? » « Oui », a répondu Khoubayb. Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a permis de l’accompagner.

Selon les commentaires de ce récit, la personne en question était Khoubayb. Il a embrassé l’islam et il a participé à la bataille de Badr. ‘Allamah Nour-Oud-Dine relate dans son ouvrage Al-Sirah al-Halabiyyah : « Habib Bin Yousouf était un brave de Médine. (Il s’agit du deuxième nom de Khoubayb bin Isâf mentionné dans d’autres ouvrages de la Sirah.) Il appartenait à la tribu de Khazraj et il n’était pas musulman jusqu’au moment de la bataille de Badr. Mais il avait accompagné les membres de sa tribu, al-Khazraj, avec l’espoir de remporter la bataille et d’avoir une part du butin. Les musulmans étaient très contents de sa participation, mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit que seuls les suivants de sa religion l’accompagneront pour la bataille. Selon un autre récit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit de partir car il ne prend pas l’aide des polythéistes. À deux reprises le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé a Khoubayb de partir. La troisième fois le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé s’il croyait en Allah et en son Prophète. Il a répondu à l’affirmative et il a embrassé l’islam. Ensuite il s’est battu bravement et vaillamment.

Le Mousnad Ahmad Bin Hanbal relate la conversion de Khoubayb à l’islam comme suit. Le rapporteur déclare : « Je me suis présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec un membre de ma tribu lors de ses préparatifs pour la bataille. Nous n’avions pas encore embrassé l’islam et nous avons dit que nous étions embarrassés de ne pas accompagner notre tribu qui partait se battre. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) nous a demandés si nous avions embrassé l’islam. La réponse étant négative, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a commenté : « Je ne souhaite pas prendre l’aide des polythéistes pour combattre d’autres polythéistes. » Khoubayb ajoute : « Nous avons embrassé l’islam sur-le-champ et avons accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pour la bataille. J’ai tué une personne lors de cette bataille et elle m’a blessé. Par la suite, je me suis marié à sa fille, qui me disait : « Tu ne pourras jamais oublier celui qui t’a blessé. » Je lui répliquais : « Tu ne pourras jamais oublier celui qui a rapidement expédié ton père dans le feu. »

Khoubayb avait tué Oumayyah Bin Khalf, un des chefs de Qouraychites lors de la bataille de Badr, évoqué [plus haut] dans le récit du mariage mais dont le nom n’a pas été mentionné dans le recueil du Mousnad Ahmad Bin Hambal.

‘Allamah Nour-Oud-Din al-Halabi, dans son livre, Al-Sirah al-Halabiyyah rapporte le récit d’Abdour Rahman Bin ‘Awf qui déclare : « Lors de la bataille de Badr, j’avais rencontré Oumayyah Bin Khalf qui était mon ami à l’époque de l’ignorance. Il était accompagné de son fils, ‘Ali, qui le tenait par la main. ‘Ali avait embrassé l’islam avant que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne quittât La Mecque. Ses proches avaient pu le détourner de l’islam et il est mort mécréant. Le verset suivant a été révélé à leur propos :

إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلَائِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ قَالُوا فِيمَ كُنْتُمْ قَالُوا كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ

« En vérité, ceux que les anges font mourir alors qu’ils nuisent à leur propre âme, ils – les anges leur diront : « Dans quelle situation étiez-vous ? » Ils répondront : « Nous étions traités sur terre comme des faibles. » (4 : 97)

Les gens de cette catégorie sont : Harithah Bin al-Roubayyi’, Abou Qays Bin al-Fakih, Abou Qays Bin al-Walid, Aboul-‘As Bin Mounabbah et ‘Ali Bin Oumayyah.

Dans l’ouvrage Al-Sirah al-Châmiyyah, ‘Allama Nour-Oud-Din al-Halabi relate : « Ces gens avaient embrassé l’islam quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se trouvait à La Mecque. Quand il s’est rendu à Médine, leurs aînés et leurs proches les ont retenus à La Mecque et les ont éprouvés suite à quoi ils ont abandonné l’islam. Ensuite, ils ont accompagné leurs tribus lors de la bataille de Badr où ils ont été tués.

L’on déduit de ce contexte qu’ils n’avaient pas répudié leur foi avant l’émigration du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais selon le premier récit ces gens étaient retournés à la mécréance avant l’émigration du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Abdour Rahman relate : « Je portais plusieurs armures lors de la bataille quand Oumayya, m’ayant vu, m’a appelé ainsi : « Ô ‘Abd ‘Amr ! », un nom de l’époque de l’ignorance. Je ne lui ai pas répondu car le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) m’avait nommé ‘Abdour Rahman en me demandant si je souhaitais abandonner le nom que mes aînés m’avaient donné. J’avais répondu à l’affirmative. Oumayyah a dit qu’il ne connaissait pas le « Rahman » (le Dieu Gracieux). Lorsqu’il m’a appelé de nouveau par le nom ‘Abdour Rahman, c’est là que je lui ai répondu.

Ainsi donc, quand Oumayyah Bin Khalf l’a appelé par son ancien nom, il a compris qu’il s’adressait à lui mais il ne lui a pas répondu, car il l’avait appelé en prenant le nom d’une idole. Il est aussi fort possible qu’il n’ait pas compris à qui Oummayah s’adressait, car il avait abandonné ce nom depuis fort longtemps.

Lorsqu’Oummayah l’a appelé par son [nouveau] nom, ‘Abdour Rahman, il lui a répondu et s’est tourné vers lui. Oumayyah Bin Khalf lui a dit : « Si j’ai des droits sur toi, sache, en ce cas, que je suis meilleur que ces côtes de mailles que tu portes ! »

Il a fait référence à leur ancienne amitié pour avoir la vie sauve, car [les Qouraychites] avaient été vaincus : Oumayyah lui disait de laisser son armure et de faire quelque chose pour lui. ‘Abdour Rahman y a consenti, et, posant son armure, il a pris la main d’Oumayyah et de son fils, ‘Ali.

Oumayyah a commenté : « Je n’ai jamais vu un jour comme celui-ci, » c’est-à-dire celui de la bataille de Badr. Ensuite il a demandé : « Qui est celui des vôtres qui porte sur l’armure une plume d’autruche ? » J’ai répondu : « Il s’agit de Hamzah Bin ‘Abdil Mouttalib. » « C’est à cause de lui que nous avons connu ce sort, » a dit Oumayyah Bin Khalf. Selon un autre récit, c’était le fils d’Oumayyah qui aurait prononcé cette parole.

‘Abdour Rahman Bin ‘Awf ajoute : « Je partais en leur tenant la main, quand tout à coup Bilal m’a vu en compagnie d’Oummayah, qui l’avait âprement torturé à La Mecque pour le détourner de l’islam. En le voyant, Bilal s’est exclamé : « Oumayyah Bin Khalf, le chef des mécréants est là ! S’il a la vie sauve, je ne serai pas sauf quant à moi ! »

‘Abdour Rahman Bin ‘Awf lui a dit : « Dis-tu cela à propos de mes prisonniers ? » Bilal a répété la même phrase : « S’il a la vie sauve, je ne serai pas sauf quant à moi ! » ‘Abdour Rahman Bin ‘Awf lui a donné la même réponse.

Ensuite Bilal a crié à haute voix : « Ô Ansar d’Allah ! Voici Oumayyah Bin Khalf, le chef des mécréants ! S’il a la vie sauve, je ne serai pas sauf quant à moi ! » Il a répété cette phrase à maintes reprises. « En l’entendant les Ansar ont couru dans notre direction et nous ont entourés, relate ‘Abdour Rahman. Bilal a pris son épée et s’est attaqué au fils d’Oumayyah. En le voyant au sol, son père a lancé un cri terrifié que je n’avais jamais entendu jusque-là. Par la suite, les Ansar les ont assaillis à coup d’épées. »

‘Abdour Rahman Bin Awf évoque la mort d’Oummayah dans un récit du Sahih al-Boukhari : « J’avais envoyé une lettre à Oumayyah Bin Khalf, qui se trouvait à La Mecque, en terre hostile, lui demandant de protéger les biens et les membres de ma famille avec la promesse que je protégerais les siens à Médine. Ayant signé « ‘Abdour Rahman », Oummayah a dit qu’il ne me connaissait pas que je devais signer de mon nom de l’époque de l’ignorance. J’ai donc inscrit « ‘Abd ‘Amr ». Lors de la bataille de Badr, je suis parti vers un mont quand les gens se reposaient afin que je puisse le protéger quand Bilal a vu Oummayah. Il est parti, avant de revenir avec une troupe d’Ansar en disant : « Voici Oumayyah Bin Khalf ! S’il a la vie sauve, je ne serai pas sauf quant à moi ! » Bilal et quelques individus nous ont poursuivis. J’avais peur qu’ils allaient nous retrouver. »

‘Abdour Rahman et Oumayyah Bin Khalf avaient déjà terminé leur conversation.

Il ajoute : « J’ai dit à Oummayah que je ferai d’eux mes prisonniers. Quand les musulmans nous ont attaqués j’ai laissé le fils d’Oummayyah pour sa cause afin que les musulmans s’en prennent à lui et afin que nous puissions, nous, partir de là. Mais les musulmans ont tué le fils d’Oumayyah. Mon stratagème n’a pas marché pour sauver Oumayyah et ils nous ont poursuivis afin de pouvoir l’attraper. Étant donné qu’Oumayyah était corpulent, il ne pouvait pas courir. En fin de compte, lorsqu’ils nous ont rattrapés j’ai demandé à Oumayyah de s’asseoir. Et je me suis placé sur lui afin de le protéger. Les autres l’ont assailli par-dessous moi et l’ont tué. Un des musulmans m’a aussi blessé d’un coup d’épée. »

Ibrahim, le rapporteur, ajoute qu’Abdour Rahman avait l’habitude de leur montrer la blessure qu’il avait reçue au pied.

Qui avaient tué Oummayah et son fils ? On dit qu’un individu des Banou Ma’zan, une tribu des Ansar l’avait fait. Mais selon Ibn Hicham, Mou’adh Bin ‘Afrâ’, Kharijah Bin Zayd et Khoubayb Bin Isâf l’avaient tous les trois tué. »

C’est-à-dire, le compagnon en question faisait partie ce ceux-là. Certains disent que c’est Bilal qui l’avait tué. En tout cas, tous ces compagnons l’avaient tué ensemble. Bilal avait quant à lui jeté à terre ‘Ali, fils d’Oumayyah, et ‘Ammar Bin Yasir l’avait tué en fin de compte.

Ainsi donc, certains faits ne sont pas toujours directement liés au compagnon en question. Mais étant donné que son nom y est mentionné, c’est pour cette raison que j’en fais mention afin que nous puissions aussi connaître quelques faits de l’histoire.

Khoubayb Bin ‘Abdir Rahman relate : « Mon grand-père, Khoubayb, a été blessé le jour de la bataille de Badr et une de ses côtes s’est brisée. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a placé sur sa blessure sa salive et a remis l’os à sa place, ce qui lui a permis de marcher à nouveau.

Khoubayb relate dans un autre récit : « Lors d’une bataille, j’avais reçu à l’épaule une blessure profonde qui s’étendait jusqu’à l’abdomen, tant et si bien que ma main pendait. Quand je me suis présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a placé sa salive sur la blessure et a remis les os en place. J’ai été complètement guéri par la suite. »

Selon un rapport, Khoubayb serait mort aux cours du Califat d’Oumar. Tandis que selon un autre récit il serait mort au cours du califat d’Outhman. Qu’Allah exalte le rang de ces compagnons.

J’évoquerai à présent trois personnes décédées dont je dirigerai la prière funèbre après [celle de Joumou’ah].

La première se nomme Rashida Begum Sahiba, épouse de Sayyed Mohammad Sarwar, de Rabwah. Elle est décédée le 24 août dernier à l’âge de 74 ans : c’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Ses aïeux avaient émigré de Char Kot du Cachemire pour se rendre au Pakistan. Le père de la défunte était employé des chemins de fer et il est décédé quand elle avait 5 ans. Sa mère a élevé toute seule ses enfants au prix de grands efforts. Le premier ahmadi de la famille était le grand-père de la défunte qui avait embrassé l’Ahmadiyya par l’intermédiaire de Fateh Muhammad, qui avait lui-même prêté le serment d’allégeance par l’entremise de Qazi Muhammad Akbar, un compagnon du Messie Promis (a.s.). Qazi Saheb, ayant vu les éclipses du Soleil et de la lune, a informé les habitants de sa région et les membres de sa famille que ces signes indiquaient que l’Imam Al-Mahdi est apparu. Le grand-père du défunt était apparenté à Qazi Saheb et c’est ainsi qu’il a reçu le message de l’Ahmadiyya et qu’il a fait la Bai’ah.

Muhammad Zakaria, un des fils de la défunte, est missionnaire et il sert actuellement au Libéria. Il relate : « Ma mère était très régulière dans ses contributions financières et elle était soucieuse à cet égard et demandait si on avait payé ses contributions. Elle était aussi très attentive par rapport à l’éducation morale de ses enfants. Elle ne laissait pas ses enfants sortir de la maison pour un rien, afin qu’ils n’aient pas l’habitude de vagabonder ou qu’ils ne prennent pas de mauvaises habitudes. Durant notre enfance, elle nous encourageait à accompagner notre père pour accomplir la prière en congrégation à la mosquée. Notre mère nous réveillait tout spécialement pour la prière de Fajr et elle n’était pas tranquille tant que nous n’étions pas partis à la mosquée. La défunte avait une énorme affection et une grande fidélité à l’égard du Califat. Elle écoutait les sermons du Calife très attentivement et prenait aussi des notes ; et elle en discutait avec ses enfants. »

La fille aînée de la défunte relate : « Elle était très attentive concernant ses Salats jusqu’au dernier moment. Elle a accompli une longue Salat et elle est tombée malade immédiatement après. Elle a été transportée à l’hôpital où elle a eu une crise cardiaque et elle en est décédée.

Par la grâce d’Allah elle était Moussia ; et elle a consacré 1/8e de ses biens à la Jama’at. Ses cinq fils ont dédié leur vie pour servir la Jama’at. Ses deux fils, Muhammad Mohsin Tabassum et Muhammad Momin, sont des Mou’allims du Waqf-e-Jadid à Rabwah. Deux de ses fils, Daud Zafar et Zakaria, sont des missionnaires. Un de ses fils est un Waqif-e-Nao et travaille dans la section informatique de la Khilafat Library. Muhammad Zakaria sert au Libéria en tant que missionnaire et il n’a pas pu se rendre pour les funérailles de sa mère. Il a fait montre d’une grande patience et s’est acquitté de sa mission à l’extérieur. Il n’a exprimé aucun regret de n’avoir pu être présent [pour les funérailles] ou que ce décès a entravé sa mission. Qu’Allah accorde de la patience aux enfants de la défunte, en particulier à son fils qui sert comme missionnaire au Libéria et qui n’a pas pu rencontrer sa mère avant son décès. Qu’Allah fasse que les enfants de la défunte puissent perpétuer ses bonnes œuvres et qu’Allah exalte son statut.

La deuxième prière funéraire sera celle de Mohammad Shamsher Khan, le président de la Jama’at de Nadi, aux îles Fidji. Il est décédé le 5 septembre dernier. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il est né en 1952. En 1962, son père et lui ont quitté les Lahoris pour se joindre à la Jama’at [fidèle au Califat]. En effet il existe un grand nombre de Lahoris aux îles Fidjis. En 1962, il est devenu ahmadi en prêtant allégeance au Califat. Ainsi, il était parmi les tout premiers ahmadis des îles Fidji. Par la grâce d’Allah, il a eu l’opportunité de servir la communauté pendant une longue période et a joué un rôle clé dans la construction de mosquées à Maro, à Suva, à Nadi et à Lautoka.

Depuis 2010 jusqu’à son décès, il a eu la chance de servir en tant que président de la communauté de Nadi. Il a servi pendant une longue période en tant que secrétaire national à la publication. Il était également très respecté d’un point de vue mondain, mais accordait toujours préséance au travail de la communauté sur toute autre tâche. En plus d’avoir occupé les fonctions de président et de secrétaire national à la publication, il était également le directeur d’une école primaire musulmane à Atoka. Il était une personne très sincère qui avait un grand amour pour le Califat, et qui faisait preuve d’une extrême obéissance. Il laisse derrière lui sa femme Razia Khan et une fille Nadia Nafisa. Qu’Allah le Très-Haut fasse preuve de pardon et de miséricorde à l’égard du défunt et qu’Il permette à son enfant de perpétuer ses actes de piété.

La troisième prière funéraire sera celle de Fatima Mohammad Mustafa du Kurdistan, qui résidait en Norvège. Elle est décédée le 13 juin dernier, mais les informations à son sujet ont tardé à arriver, et c’est pour cette raison que la prière funéraire est faite avec du retard. Elle est décédée à l’âge de 88 ans. Inna lillahi wa inna ilaihi raji’oun : C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Elle a eu l’opportunité de faire la Bai’ah en 2014. Elle laisse derrière elle trois filles et cinq fils, dont seule une fille est ahmadie : elle se nomme Berivan Muhammad Said, et elle réside actuellement en Norvège. Cette fille écrit : « Je suis venue en Norvège en 1999 où j’ai dû faire face à une situation très difficile. Ma mère a donc émigré du Kurdistan en Norvège pour m’aider. Bien que ma mère était analphabète, elle avait mémorisé de nombreux versets du Saint Coran et des Hadiths. Elle adorait tellement étudier que malgré le fait qu’elle ait plus de 40 ans, en faisant beaucoup d’efforts elle a appris à lire et à écrire. La chose la plus importante à ses yeux était d’accomplir la prière à l’heure. Elle jeûnait également beaucoup : elle disait souvent qu’elle jeûnait aux noms des personnes qui n’avaient pas la force de jeûner. Elle aimait tellement aider les autres qu’en Irak elle parcourait 80 km pour accompagner des femmes [malades] dont personne ne s’occupait pour les faire traiter et de plus elle les aidait financièrement. » Elle ajoute : « Après son décès, j’ai reçu des lettres de très nombreuses personnes habitant dans différents pays. Les sœurs ahmadies pakistanaises m’ont dit en pleurant que ma mère avait une particulière relation d’amour avec elles. »

Elle continue : « Depuis ma naissance je suis restée auprès de ma mère. J’ai eu l’opportunité de témoigner de ses hautes qualités morales et de sa piété. Elle n’avait aucune rancœur à l’égard de quiconque ; elle était toujours prête à pardonner toute erreur, aussi grave soit-elle. Depuis notre naissance, elle nous avait enseigné de toujours dire la vérité même si cela n’allait pas à notre avantage. Elle disait également que si nos yeux ou nos mains commettaient des erreurs, nous devions avoir au moins le courage de considérer que nos yeux et mains étaient fautifs. Elle rencontrait toute personne le visage souriant. Elle faisait constamment des supplications. Elle avait un grand amour pour Allah et pour le Prophète. » Elle ajoute : « C’est peut-être pour cette raison qu’Allah l’Exalté lui a accordé l’opportunité de prêter allégeance à Son Messie qu’Il a envoyé à cette époque. » Sa fille ajoute : « En 2007, je suis tombée par hasard sur la chaîne MTA, mais ensuite j’ai perdu cette chaîne, et je n’ai pas réussi à la retrouver même après avoir beaucoup cherché pendant plusieurs années. Un jour, trois ans plus tard, en 2010, j’ai retrouvé la chaîne MTA Al-Arabiyya, j’ai crié de joie et j’ai appelé ma mère lui disant que j’avais retrouvé la chaîne que j’étais en train de rechercher depuis trois ans. J’ai proposé à ma mère de regarder cette chaîne, l’informant que ces personnes avancent que l’Imam Mahdi, le Messie Promis que nous attendions, était déjà arrivé, à propos de qui notre père nous parlait. »

Sa fille ajoute : « Ma mère commença à regarder cette chaîne avec moi. Quelques jours plus tard, ma mère en parla à mes frères et sœurs, mais ils tinrent de tels propos que soudainement le visage de ma mère changea de couleur. En dépit de ce qu’ils lui avaient dit, elle continua à regarder la MTA. Par la suite, lorsqu’elle rendit au Kurdistan, les paroles de mes frères eurent de l’effet sur elle et elle s’opposa à moi. Quand elle revint auprès de moi, elle m’empêcha également de regarder la MTA. »

Sa fille continue : « Lorsque je prêtai allégeance, la situation s’envenima : ils dirent à ma mère que j’étais devenue mécréante. Lorsqu’on rendait visite à mes frères, elle s’opposait à moi, mais dès que nous rentrions elle regardait de nouveau la MTA. Elle appréciait grandement les poèmes arabes du Messie Promis, et elle avait souvent les larmes aux yeux en les écoutant. Un jour alors qu’elle récitait ce poème du Messie Promis « Ya ‘Ayna Faydillahi » je lui demandai : « La personne qui a écrit ces vers peut-elle être mécréante ? » Elle me regarda avec fureur et me dit : « Quel insensé peut dire qu’une telle personne est mécréante ! » Je lui répondis : « Tes enfants en font partie. » Sur ce, elle se tut. Ensuite je demandai à ma mère : « La force de ta foi est connue de tous ; qui crains-tu donc le plus, Dieu ou tes enfants ? » Cette question la toucha et elle resta sans réponse. Le soir même elle m’appela et me demanda de téléphoner au centre de la communauté pour faire part de son souhait de prêter allégeance. Je lui ai demandé de prendre son temps pour réfléchir à cette décision afin qu’elle puisse rester ferme sur ses pas. Elle y réfléchit toute la nuit et fit des supplications, et le matin en se réveillant elle m’informa : « J’ai pris ma décision, je veux prêter allégeance. »

En 2016, lorsque je me suis rendu là-bas, elle eut l’occasion de me rencontrer, elle était très ravie de rencontrer le Calife, et le disait à tout le monde. Elle avait une relation très solide avec le Califat.

Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde à son égard ; qu’Il exalte son rang, et qu’Il consolide également la foi de sa fille. Et qu’Allah l’Exalté ouvre aussi l’esprit de ses autres enfants qui ne sont pas encore ahmadis, et qu’Il accepte les prières de la défunte à leur égard.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

Etiquettes