Sermons 2018

Deux illustres serviteurs de l’Islam

Dans son sermon du 27 juillet 2018, Sa Sainteté le Calife a évoqué deux autres illustres compagnons du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ayant participé à la bataille de Badr.

 Sermon du vendredi 27 juillet 2018, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquerai aujourd’hui deux compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Le premier s’appelle Moundhir Bin Mohammad Al-Ansari. Il appartenait à la tribu Banou Jahjabah. Après qu’il s’était établi à Medine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a noué un lien de fraternité entre Moundhir Bin Mohammad et Tufail Bin Harith. Zubair Bin Awwam, Hatib Bin Abi Balta’ah et Abou Sayrah Bin Abi Rohoum ont logé dans la maison de Moundhir Bin Mohammad à Médine lorsqu’ils ont quitté La Mecque. Moundhir Bin Mohammad avait participé aux batailles de Badr et d’Ouhoud : il est tombé en martyr lors de l’incident de Bir Ma’ouna. 

J’ai évoqué dans le passé cet incident en relatant la vie de deux autres compagnons. J’en fais mention de nouveau en référence au martyre de Moundhir Bin Mohammad. Dans sa Sirat-Khataman Nabiyyine, Mirza Bashir Ahmad écrit : « Au cours du mois de Safar, en l’an 4 de l’hégire, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé une délégation de Compagnons sous la direction de Moundhir bin ’Amr Al-Ansari. La plupart étaient des Ansar et étaient soixante-dix en nombre. Ils étaient presque tous des Qaris, c’est-à-dire qu’ils connaissaient bien le Saint Coran. Le jour ils ramassaient du bois pour joindre les deux bouts et passaient la meilleure partie de la nuit dans le culte de Dieu.

Quand ils ont atteint un lieu connu sous le nom de Bir Ma’ouna, ainsi nommé en raison d’un puits d’eau, le dénommé Haram bin Milhan, qui était l’oncle maternel d’Anas bin Malik, est parti en avant présenter le message de l’islam à Amir bin Tufail, le chef de la tribu Amir et neveu paternel d’Abou Bara Al-Amiri. Le reste des Compagnons est resté en arrière. Quand Haram bin Milhan, en tant qu’émissaire du Saint Prophète, a rencontré Amir bin Tufail et les membres de sa tribu, ils l’ont, par pure hypocrisie, accueilli chaleureusement. Mais après que Haram bin Milhan se fût assis et mis à prêcher le message de l’islam, quelques individus infâmes parmi eux ont fait un signe à quelqu’un, qui a frappé l’innocent émissaire de sa lance par-derrière et l’a blessé mortellement. Les dernières paroles de Haram bin Milhan étaient : « Allah est le plus grand. Par le Seigneur de la Ka’bah, j’ai atteint mon objectif ! »

Amir bin Tufail ne s’est pas contenté du meurtre de cet émissaire du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il a incité les membres de sa tribu, les Banou Amir, à s’attaquer au reste des musulmans : mais ils ont refusé, citant la garantie offerte par Abou Bara. Sur ce, Amir a recueilli les clans de Banou Ri’l, Dhakwan et ‘Usayyah, membres de la tribu des Sulaim (c’est-à-dire, les mêmes tribus qui avaient envoyé leur délégation au Saint Prophète selon le récit de Bukhari) et afin d’attaquer ce petit groupe de musulmans sans défense. 

Quand ces gens perfides, assoiffés de sang les ont approchés, les musulmans ont déclaré : « Nous n’avons aucun grief contre vous. Nous venons seulement avec le message du Saint Prophète ; nous ne sommes pas venus nous battre. » Mais les infâmes ne les ont pas écouté et les ont tous assassinés. Parmi les Compagnons présents un seul individu a été épargné : il était boiteux et avait réussi à grimper au sommet d’une montagne. Il s’appelait Ka’b bin Zaid. Selon d’autres récits les mécréants l’avaient également assailli et blessé et l’avaient laissé pour mort. En réalité, il était encore en vie et avait survécu.

Deux membres de la délégation des Compagnons s’étaient séparés du groupe afin de faire paître leurs chameaux. Ils s’appelaient Amr bin Umayyah Al-Damri et Mundhir bin Muhammad. Quand ils ont regardé vers leur camp, ils ont aperçu des bandes d’oiseaux qui volaient au-dessus de leurs têtes. Ayant compris ce signe du désert, ils ont immédiatement déduit qu’une bataille avait eu lieu. Ils ont constaté le carnage perpétré par les mécréants. De loin, ils s’étaient consultés sur la démarche à suivre. L’un a suggéré qu’ils devraient prendre la fuite immédiatement et retourner à Médine afin d’informer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Son ami a rejeté sa proposition et a dit : « Je ne fuirai pas où notre Amir, Moundhir bin Amr est tombé en martyr. » Par conséquent, il s’est avancé et il est tombé en martyr sur le champ de bataille.»

Moundhir bin Muhammad qui était parti faire paître son chameau est retourné, a combattu l’ennemi et est tombé en martyr, en l’an 4 de l’hégire. 

Le deuxième Compagnon s’appelle Hatib Bin Abi Balta’ah et appartenait à la tribu des Banou Lakham. Il était aussi l’allié de la tribu des Banou Asad et portait le nom d’emprunt d’Abou ’Abdillah ou d’Abou Mohammad, selon certains. Hatib Bin Abi Balta’ah était un Yéménite. Selon ’Asim Bin ‘Amr, lorsque Hatib Bin Abi Balta’ah et son esclave Sa’ad ont quitté La Mecque pour se rendre à Médine, ils ont tous deux logé chez Moundhir Bin Mohammad Bin Ouqbah. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait noué un lien de fraternité entre Hatib Bin Abi Balta’ah et Roukhaylah Bin Khalid. Selon un autre récit il l’avait fait entre Owaym Bin Sa’ydah et Hatib Bin Abi Balta’ah. Ce dernier avait participé à toutes les batailles menées par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de Badr jusqu’au dernier. 

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait envoyé Hatib Bin Abi Balta’ah en émissaire transmettre une lettre à Maqauqis, le gouverneur de l’Égypte à Alexandrie. Hatib Bin Abi Balta’ah était aussi un des archers du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). On dit aussi qu’il était un des meilleurs cavaliers et un poète des Qurayshites avant l’avènement de l’islam. D’aucuns disent qu’il était l’esclave d’Obeidullah Bin Hamid et il avait conclu un pacte d’affranchissement avec son maître et lui avait payé le prix de sa liberté après la conquête de La Mecque. 

Oumm Salamah relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait demandé sa main en mariage par l’entremise de Hatib Bin Abi Balta’ah après la mort de son mari. Selon Anas Bin Malik, Hatib Bin Abi Balta’ah a relaté ceci : « Le jour de la bataille d’Ouhoud, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est tourné dans ma direction. La bataille s’était calmée et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était blessé. ’Ali lui avait présenté de l’eau grâce à laquelle l’Envoyé d’Allah avait pu se laver le visage. »

Hatib Bin Abi Balta’ah a demandé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de lui dire qui l’avait ainsi blessé. « Outbah Bin Abi Waqqas m’a envoyé une pierre au visage », a répondu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Hatib Bin Abi Balta’ah a commenté : « J’ai entendu une voix d’une colline annonçant que vous avez été tué. Je suis venu l’âme meurtrie, le corps sans vie. Où se trouve Outbah ? » Hatib Bin Abi Balta’ah est parti dans la direction indiquée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et a pu le maîtriser, le décapitant de son épée. Hatib s’est ensuite présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec la tête d’Outba, ses biens et son cheval. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a offert le butin et a prié pour lui a deux reprises : « Qu’Allah soit satisfait de toi ! »

Hatib Bin Abi Balta’ah est décédé en l’an 30 de l’hégire a l’âge de 65 ans. Le Calife Outhmane a dirigé sa prière funéraire. Selon Mirza Bashir Ahmad, Maqauquis [le roi des Coptes] était le récipiendaire de la troisième lettre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ou la quatrième selon le deuxième Calife. En effet le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait invité vers l’islam différents dirigeants et rois à travers des lettres. Maqauqis était le vassal d’Héraclius et le dirigeant héréditaire ou gouverneur d’Alexandrie et de l’Égypte. Il était de confession chrétienne à l’instar d’Héraclius. Jurayj Ibn Mina était son nom propre : ses sujets et lui-même étaient d’obédience copte. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait envoyé sa lettre par l’entremise de Hatib Bin Abi Balta’ah. Elle se lit ainsi : « Au nom d’Allah, le Gracieux, le Miséricordieux. Ceci est de Muhammad (s.a.w.), le Messager d’Allah, à Maqauqis, le chef des Coptes. La paix soit avec celui qui suit le chemin de la rectitude. Je t’invite à accepter le message de l’Islam. Crois et tu seras sauvé et ta récompense sera double. Si tu ne crois pas, le péché du refus des Coptes, ainsi que le tien, seront sur ta tête. Ô Gens du Livre ! Venez à une parole égale entre nous et vous, que nous n’adorions personne d’autre qu’Allah, et que nous ne Lui associions point de partenaire, et que certains d’entre nous n’en prennent point d’autres comme seigneurs en dehors d’Allah. Mais s’ils se détournent, alors dis : « Soyez témoins que nous nous sommes soumis à Dieu. »

Telle était la teneur de la lettre envoyée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Hatib Bin Abi Balta’ah est partie en Alexandrie présenter la lettre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans la cour de Maqauqis. Ce dernier l’a lue et s’est adressé à Hatib sur un ton un tantinet ironique : « Si ton maître est un vrai prophète, pourquoi au lieu de m’envoyer la lettre, n’a-t-il pas demandé à Dieu qu’il fasse de moi son vassal ? »

Hatib a répondu : « Ton objection, si elle est valable, s’applique aussi à Jésus. Pourquoi n’a-t-il pas fait la même prière contre ses détracteurs ? » Hatib a conseillé à Maqauqis : « Réfléchis sérieusement sur ce message. Car avant toi, un homme avait prétendu être le dieu suprême ici en Égypte, Allah se vengea alors de lui en lui infligeant le châtiment qui a servi d’exemple pour les premiers et les derniers ! Tires-en donc leçon ; attention que d’autres en tirent de ta condition ! »

Ayant vu la détermination de Hatib, Maqauqis a répondu : « Nous professons déjà une religion et nous ne la quitterons que si nous en trouvons une meilleure ! » Hatib dit alors : « Nous t’appelons à l’islam, religion parachevée par Allah et qui compense toutes les autres ! Notre religion ne t’interdit pas de croire dans le Messie. Elle nous enjoint de croire dans tous les vrais prophètes. Moïse avait donné la bonne nouvelle de l’arrivée de Jésus ; de même Jésus a donné la bonne nouvelle de l’avènement de notre Prophète. »

Maqauqis a réfléchi à ce propos et est resté silencieux. Lors d’une autre réunion dans laquelle se trouvaient certains grands prêtres, Maqauqis a demandé à Hatib : « J’ai entendu que ton prophète a été chassé de sa patrie. Pourquoi n’a-t-il pas prié pour que Dieu punisse ses ennemis et pour qu’il puisse vivre en paix ? » Hatib a répondu : « Notre prophète a été contraint à l’exil, sans plus. Les juifs, quant à eux, ont attrapé votre Messie et ont voulu le tuer sur la croix. Or, Jésus n’a pas pu les maudire et les vouer à la destruction. »

Maqauqis impressionné par la réponse a rendu hommage à Hatib, disant qu’il était un envoyé avisé, délégué par un sage. Il a ajouté : « J’ai étudié le cas de ce Prophète et j’ai pu constater qu’il n’enjoint pas ce qui est blâmable et n’interdit pas ce qui est convenable. »

Puis, il envoya chercher un coffret d’ivoire et y plaça la lettre du Prophète (s.a.w.), le scella et le remit à une fidèle servante pour qu’elle le mette en lieu sûr. En tout cas, il a fait montre de respect à l’égard de cette lettre. 

Maqauqis a fait venir un scribe connaissant l’arabe et lui a dicté cette lettre à l’endroit du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et l’a confié à Hatib. Elle se lit ainsi : « Au nom d’Allah, le Gracieux, le Miséricordieux. Maqauqis, roi des Coptes, à Muhammad (s.a.w.), fils d’Abdoullah. La paix soit avec toi. J’ai lu ta lettre et réfléchi sur son contenu et aux croyances auxquelles tu m’invites. Je sais que les prophètes hébreux avaient prédit l’avènement d’un Prophète à notre époque. Mais je pensais qu’il apparaîtrait en Syrie. J’ai honoré ton envoyé et j’envoie deux filles avec lui. Les gens de mon peuple, les Coptes, ont ces deux filles en grande estime. J’envoie aussi des présents ainsi qu’une mule. Enfin, je prie à nouveau pour que tu aies la paix de Dieu. » Ensuite il a signé la lettre.

Il en ressort clairement que bien que Maqauqis traitât avec respect l’émissaire du Prophète (s.a.w.) et qu’il montrât aussi de l’intérêt au sujet de son message, il n’accepta pas l’islam. Selon d’autres récits, il est décédé chrétien. 

La teneur de ses propos laisse transparaître qu’il s’intéressait certes aux questions religieuses, mais qu’il n’avait pas montré le sérieux nécessaire à ce propos. Même s’il a agi avec respect en apparence, il a rejeté l’invitation du Saint Prophète. Les deux filles envoyées par Maqauqis s’appelaient Mariyah et Sirin et elles étaient deux sœurs. Comme le disait Maqauqis dans sa lettre, elles étaient coptes comme lui d’ailleurs. Ces filles n’étaient pas issues de familles ordinaires : selon la lettre de Maqauqis, elles étaient « très appréciées des Coptes ».

En réalité, il semble qu’une ancienne pratique des Égyptiens était de présenter des filles appartenant à leurs propres familles ou qui étaient des nobles de la nation aux invités respectés avec qui ils souhaitaient renforcer des liens. Quand Abraham est parti en Égypte, le roi lui a présenté Hagar, une fille appartenant à la noblesse, en mariage. Elle a donné naissance à Ismaël, et à travers lui, elle est devenue la mère de nombreuses tribus arabes. En tout cas, lorsque les deux filles envoyées par Maqauqis arrivèrent à Médine, le Saint Prophète épousa Mariyah la Copte, et donna sa sœur Sirin au célèbre poète arabe Hassan bin Thabit en mariage. Mariyah est la noble femme qui a donné naissance à Ibrahim, le fils du Saint Prophète qui était le seul enfant qui lui soit né durant son ère de prophétie. Il convient également de mentionner que suite à la prédication de Hatib bin Abi Balta’ah, ces deux filles étaient devenues musulmanes avant même d’avoir atteint Médine. La mule envoyée au Saint Prophète en cadeau était de couleur blanche. Il l’utilisait souvent et il l’avait monté lors de la bataille de Hounain.

Hazrat Mouslih Maw’oud présente d’autres détails sur la lettre envoyée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Maqauqis. Le texte de cette lettre était exactement le même que celui pour l’empereur byzantin. La lettre adressée à celui-ci disait que le péché de dénégation de l’islam par les sujets de Rome serait sur sa tête. La lettre à Maqauqis disait que le péché de refus de l’islam par les Coptes serait sur la tête du souverain. Quand Hatib (r.a) atteignit l’Égypte, Maqauqis n’était pas dans la capitale ; il le rejoignit par bateau à Alexandrie, où il tenait sa cour près de la mer. Il était peut-être sur une île. La cour était sévèrement gardée : Hatib montra la lettre de loin et commença à parler d’une voix forte. Maqauqis ordonna qu’on le fasse venir, puis il lut la lettre. Hatib ajouta : « Je jure par Dieu ! Jésus a fait plus de prophéties à propos de Mohammad, que Moïse n’en a faites à propos de Jésus. Nous t’invitons à Muhammad le Prophète (s.a.w.), tout comme vous, chrétiens, invitez les juifs à Jésus (a.s). Chaque prophète a des adeptes : ils lui doivent obéissance. Maintenant qu’un Prophète(s.a.w.) est apparu à ton époque pour le monde entier, il t’incombe de croire en lui et de le suivre. Et souviens-toi que notre religion ne te demande pas de renier Jésus (a.s) ou de lui désobéir. Elle demande à chacun de croire en Jésus (a.s). »

Ces illustres compagnons, avec courage et sagesse, se sont acquittés de leurs devoirs religieux. Ils n’avaient peur d’aucun roi, d’aucun gouverneur ou d’aucun souverain. 

L’on trouve mention du récit de la lettre envoyée à La Mecque par Hatib Bin Abi Balta’ah et portée par une femme, dans laquelle il informait les Mecquois à propos de la venue du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Lorsque celui-ci, accompagné de ses soldats, s’est mis en route pour conquérir La Mecque, Hatib Bin Abi Balta’ah a envoyé une lettre aux Qurayshites par l’entremise d’une femme. Dans son commentaire sur le recueil de Boukhari, Sayyed Zaynul Abidine Saheb a commenté que l’Imam Boukhari avait cité le verset suivant avant le récit concerné :

لَا تَتَّخِذُوا عَدُوِّي وَعَدُوَّكُمْ أَوْلِيَاءَ

C’est-à-dire, « (ô vous qui croyez) ne prenez pas Mes ennemis et vos ennemis pour amis protecteurs. »

Ali rapporte que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’envoya en compagnie de Zoubair et de Miqdad Bin Aswad afin d’intercepter au lieu-dit Khaq une femme à dos de chameau portant une lettre. « Nous l’avons vue en l’endroit indiqué, relate ‘Ali et nous lui avons demandé de remettre la lettre. Elle a répondu qu’elle n’en avait pas. Nous l’avons menacé de la déshabiller et la fouiller si elle ne la sortait pas. Elle l’a sorti de ses vêtements et nous l’avons présentée au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). 

Hatib Bin Abi Balta’ah informait dans la missive les polythéistes de La Mecque à propos de l’intention du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci a fait venir Hatib et lui a demandé : « C’est quoi cela ? » Hatib a répondu : « Ne tirez pas de conclusions hâtives à mon sujet, ô envoyé d’Allah ! Je ne suis pas un des Qurayshites et je me suis joint à eux. Les autres émigrants qui vous ont accompagné ont des proches à La Mecque par l’entremise desquels ils ont protégé leurs maisons et leurs biens. J’ai souhaité faire aux habitants de La Mecque une faveur : je n’ai aucun lien de parenté avec eux et peut-être éprouveront-ils de la considération à mon égard suite à cette faveur de ma part. Je n’ai pas commis cet acte parce que je suis devenu mécréant, apostat ou hypocrite. Je ne souhaite guère retourner à l’incroyance après avoir accepté l’islam. Je vous en rassure. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a répondu : « Tu dis la vérité. » Omar qui était présent a dit : « Ô Prophète d’Allah ! Permettez-moi de tuer cet hypocrite ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Il était présent à la bataille de Badr. D’ailleurs tu ignores qu’Allah a fermé les yeux sur tous les manquements des vétérans de Badr. »

Shah Waliullah écrit à ce propos : « Selon un autre récit de Boukhari, cette femme était une polythéiste. ‘Ali, Abou Marsad Ghanwi et Zoubair s’étaient mis à sa poursuite. Elle était à chameau et quand elle a vu que ses poursuivants étaient sérieux elle a fait sortir la lettre du manteau qu’elle avait autour de la taille. Ces compagnons ont ensuite mené la femme au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). 

Omar a déclaré : « Hatib a trahi Allah, son Prophète et les croyants ! Ô Prophète d’Allah ! Donnez-moi la permission de lui trancher le cou ! »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé : « N’avait-il pas participé à la bataille de Badr ? J’ai espoir qu’Allah a dit aux vétérans de Badr : « Faites ce que vous souhaitez. Le paradis vous est acquis. J’ai couvert vos défauts et Je vous ai pardonné. » Omar avait les yeux en larmes en entendant cela et il a déclaré : « Allah et Son Prophète savent le mieux ! »

Le Calife Abou Bakr envoya Hatib au Maqauqis d’Égypte et signa un pacte de paix avec ce dernier. Le pacte était valable jusqu’à l’attaque lancée par Amr Bin Aas. 

On dit de Hatib qu’il était beau et portait une légère barbe ; il avait le cou pendant, il n’était pas très grand et avait les doigts larges. Ya’qoub Bin Utbah relate que le jour de son décès, Hatib Bin Abi Balta’ah disposait de 4 000 dirhams. Il était vendeur de grains et avait laissé son patrimoine à Médine. 

Jabir relate que l’esclave de Hatib s’est un jour plaint au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à propos de son maître. Son maître l’avait peut-être traité de paresseux. L’esclave s’est plaint : « Hatib ira certainement en enfer ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Tu mens. Il n’ira pas en enfer parce qu’il a participé à la bataille de Badr et était présent au pacte de Houdaibiya. »

Hatib faisait son commerce dans le marché. Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a présenté l’enseignement islamique concernant la fixation de prix en citant un récit le concernant. L’état islamique contrôlait les prix à Médine à l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

C’est-à-dire, dès lors qu’un gouvernement islamique était en place, il déterminait les prix du marché. Selon les traditions, un jour Omar se promenait dans un marché de Médine, lorsqu’il vit un homme nommé Hatib bin Abi Balta’ah qui vendait deux sacs de dattes sèches ou des abricots. Omar l’interrogea au sujet du prix, il lui répondit qu’il vendait deux Mouds (une unité de mesure) pour un dirham. Ce prix était moins élevé que le prix moyen sur le marché. Sur ce, Omar lui ordonna d’aller les vendre devant chez lui, car en raison du bas prix. Il ne souhaitait pas le laisser vendre au marché à ce coût car cela aura un impact négatif sur les prix du marché, et les gens commenceraient à douter de l’intention des marchands. Ils risqueraient de se plaindre au sujet de ceux qui vendent à des prix plus élevés en les accusant de vouloir les tromper.

Le Mouslih Maw’oud écrit que les Fouqaha ont longuement débattu sur ce point : certains ont même cité des hadiths rapportant que par la suite le Calife Omar serait revenu sur sa décision. C’est un fait notable que de manière unanime les Fouqaha ont reconnu que la décision d’Omar était nécessaire et importante. Ils ont écrit qu’il incombe au gouvernement islamique de déterminer de façon générale les prix sur les marchés, sinon cela peut avoir un impact négatif sur les mœurs et l’honnêteté du peuple. Seuls les produits vendus ouvertement sur les marchés sont concernés par cette mesure. Les marchandises qui ne sont pas vendues sur le marché, et qui sont détenues à titre privé, ne sont pas concernées ici. L’islam enjoint que le coût des produits vendus sur les marchés soient fixés, afin que les marchands ne puissent pas les modifier à leur guise. Les Fouqaha ont confirmé cette pratique à la lumière de certains récits. 

Il incombe également au gouvernement de s’occuper des pâturages et d’y creuser des puits. Une fois le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait ordonné à Hatib de s’en occuper. Selon un récit, au retour de la bataille d’avec les Banou Moustaliq, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) passa par un endroit appelé Naqih : il y vit une grande vallée pleine de verdures et de nombreux puits, dont l’eau était excellente. Les gens rapportèrent que lorsqu’ils vantaient la qualité de ces puits ceux-ci s’asséchaient. Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ordonna à Hatib bin Abi Balta’ah de creuser un puits et de faire de Naqih un pâturage administré par l’état. Il nomma Bilal bin Harith Al-Mouzni comme responsable. Bilal demanda : « Ô Prophète d’Allah, quelle surface de ce terrain dois-je convertir en pâturage de l’état ? » Étant donné qu’il s’agissait d’une grande vallée, il demanda quelle surface de celle-ci devait être administrée. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit : « Lorsque le soleil se lèvera, lance un appel par une personne à la voix bien portante du haut du mont Moukamil : toute la zone d’où l’on pourra l’entendre sera utilisée comme pâturage pour les chevaux et les chameaux des combattants musulmans. » C’était là une manière de mesurer les distances : on n’utilisait pas des unités de mesure comme le mètre ou le kilomètre.

L’idée était de placer des gens pour déterminer jusqu’où la voix de cette personne sera perçue afin de démarquer les limites de ce pâturage, qui servira aux chevaux et aux chameaux des combattants musulmans, à l’aide desquels ils accomplissent le Jihad. Il s’agit des biens de la Bait-ul-Mal (trésorerie) et d’un pâturage appartenant à l’état dédié aux chevaux et aux chameaux des combattants participant aux batailles. Bilal répondit : « Ô Prophète d’Allah, qu’en est-il des animaux des autres musulmans ? » C’est-à-dire de ces nombreux animaux des musulmans non-combattants et qui se promenaient en plein air ; la question était de savoir si ces animaux auraient également accès au pâturage. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit : « Ils n’y auront pas accès, cet endroit sera réservé à ceux qui préparent leurs montures pour le Jihad. » Ensuite Bilal demanda : « Ô Prophète d’Allah, qu’en est-il des pauvres, des faibles et des personnes âgées qui possèdent quelques brebis, et qui n’ont pas la force de les déplacer pour les faire paître ? ». Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit : « Ceux-là sont autorisés à utiliser ces pâturages. »

Ainsi les propriétés publiques doivent être utilisées pour le bien public uniquement : les nécessiteux peuvent également en profiter. 

Mentionnant les qualités de Hatib bin Abi Balta’ah, l’auteur de la Sirat-ul-Sahaba écrit : « Il était très fidèle, rendait volontiers service aux autres et disait la vérité. Il prenait grand soin des autres et de ses proches. Avant la conquête de La Mecque, il avait envoyé une lettre par l’entremise d’une femme. Son message était imprégné de cette même bienveillance à l’égard de ses proches. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait également pardonné en raison de sa  noble intention et de sa véridicité.

Qu’Allah nous permette d’hériter des nobles qualités de ces Compagnons et qu’Il exalte continuellement leurs rangs.


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