Les fondements de l'Islam

Que signifie l’Achoura en Islam ?

Fête musulmane au dixième jour du mois de Muharram, le premier mois du calendrier islamique, l’Achoura a une origine qui remonte à la sortie d’Egypte des Enfants d’Israël.

Le nom de cette fête vient du nombre 10, qui se dit عشرة (‘asharah) en arabe. Il s’agit de deux jours de jeûne calqués sur le jeûne de Yom Kippour de la religion judaïque institué le 10 du septième mois. Ibn ‘Abbas(ra), un compagnon du Prophète (que la paix soit sur lui), rapporte qu’un jour, à la ville de Medine, le Prophète(sa) vit des juifs en train de jeûner le 10 du mois de Muharram. Il leur demanda : « Quelle est la signification de ce jour de jeûne ? » Ils répondirent : « Ceci est un bon jour, le jour où Dieu sauva les Enfants d’Israël de leur ennemi. C’est pourquoi Moïse jeûna ce jour-là. » A cela, le Prophète Muhammad(sa) d’affirmer : « Nous avons plus de droits sur Moïse que vous. » Et le Prophète(sa) jeûna et conseilla aux musulmans de faire de même (Hadith du Sahih Al-Bukhari). Il l’étendit d’un jour, en expliquant que l’on devait jeûner soit le 9 et le 10, soit le 10 et le 11 de Muharram, pour éviter que soient confondues les fêtes musulmanes et juives.

A noter que Prophète Muhammad (sa), en affirmant être plus en droit de jeûner ce jour là que les juifs, se réclamait des anciens prophètes bibliques, démontrant clairement l’importance de la continuation prophétique dans la mission dont il se réclamait.

Les musulmans sunnites sont d’avis que le jeûne d’Achoura est recommandé mais volontaire et non obligatoire. Après l’introduction quelques années plus tard du jeûne du Ramadan, qui est quant à lui obligatoire, le jeûne d’Achoura est devenu facultatif dans le monde islamique. Notons toutefois que le mois de Muharram est l’un des quatre mois sacrés de l’Islam où les musulmans sont encouragés à observer des jeûnes volontaires (les autres étant : Rajab, Dhul Qa’dah, et Dhul Hijjah). L’importance du jeûne d’Achoura peut être jugée de ce dire du Prophète: « Quant au jeûne du jour d’Achoura, j’espère qu’Allah l’acceptera en tant qu’expiation pour l’année qui l’a précédé. » (du recueil de Muslim)

Kerbala et le martyre de l’Imam Hussain

Dans le chiisme, à cette signification initiale de la fête d’Achoura a été ajouté un sens tout à fait différent : la commémoration du massacre de l’Imam Hussaïn, petit-fils du Prophète(sa), et de ses partisans par le califat omeyyade. Commençant le 10 de Muharram, le deuil se poursuit quarante jours jusqu’au jour d’Arba‘ïn. L’un des aspects de cette commémoration est le pèlerinage à Kerbala, lieu du massacre, en Irak, où les pèlerins se mortifient souvent jusqu’au sang, des gestes qui sont réitérés ailleurs lors de processions dans les villes du monde islamique comprenant des fortes populations chiites. Cette commémoration est appelée Ta‘zieh en Iran.

Force nous est de faire remarquer dans ce contexte que le Saint Prophète(sa) avait strictement interdit toute démonstration exagérée de deuil, comme il en ressort de ce hadith du Sahih Al-Bukhari : « N’est pas de notre nombre celui qui se frappe les joues, se déchire les vêtements et crie comme le font les gens de la jahiliyyah (des jours de l’ignorance préislamique). » C’est ainsi que la Ta‘zieh telle qu’elle est célébrée aujourd’hui contredit la sunnah (la pratique) du Prophète(sa).