Communiqués de presse

Quelques leçons apprises durant la quarantaine

En 1931, le Maulana Abul `Ata Jalandhri s'est rendu en Palestine pour propager le message de l'islam. À cette époque, l'épidémie de choléra s'était propagée à Bassora (en Irak). Puisqu'il est passé par Bassora, il a dû passer quelques jours en quarantaine. Il a ensuite écrit un article à ce sujet qui est présenté ici aux lecteurs.

Le très respecté Maulana Abul `Ata Jalandhri était un missionnaire chevronné de la communauté musulmane Ahmadiyya qui a servi au Moyen-Orient pendant 5 ans. Il a été rédacteur en chef de la publication Al-Furqan de la communauté musulmane Ahmadiyya pendant 27 ans. Il a également été directeur de la Jamia Ahmadiyya à Rabwah, au Pakistan. En 1956, il faisait partie des trois personnes à qui le deuxième Calife de la communauté musulmane Ahmadiyya, Hazrat Mirza Bashiruddin Mahmud Ahmad (ra), avait conféré le titre de «Khalid-e-Ahmadiyyat» [un titre en ourdou donné en l’honneur de leur service et de leur contribution exceptionnels].

En 1931, le Maulana Abul `Ata Jalandhri s’est rendu en Palestine pour propager le message de l’islam. À cette époque, l’épidémie de choléra s’était propagée à Bassora (en Irak). Puisqu’il est passé par Bassora, il a dû passer quelques jours en quarantaine. Il a ensuite écrit un article à ce sujet qui est présenté ici aux lecteurs.

 « Je suis arrivé en Palestine de l’Inde, en passant par l’Irak et la Syrie. Pour effectuer ce voyage, il faut voyager de Karachi à Bassora par bateau, de Bassora à Bagdad en train; puis de Bagdad à Damas, atteignant Haïfa via Beyrouth en véhicule à moteur. J’ai embarqué à bord du navire à Karachi le 16 août et j’ai atteint Bassora le 20 août. Le choléra avait éclaté à Bassora ; il a donc fallu faire deux vaccins avant de descendre au port. J’avais reçu un vaccin à Karachi et encore un sur le navire. Les passagers en partance pour Bagdad n’étaient pas autorisés à se rendre à Bassora. Je suis allé directement à la gare du port et j’ai atteint Bagdad. L’épidémie de choléra à Bassora deviendrait la raison entière de la quarantaine à venir, uniquement parce qu’en tant que voyageur, je suis passé par les airs de Bassora. Le gouvernement irakien avait rendu obligatoire pour une telle personne de rester à Bagdad pendant au moins cinq jours ; puis elle obtiendrait l’autorisation du ministère de la Santé de reprendre sa route. Compte tenu de ma situation, j’ai obtenu un certificat médical après neuf jours et je suis parti. Mais quand je suis arrivé à Damas le 1er septembre, j’y ai été détenu pendant une journée, et après un test, ils m’ont donné un certificat disant que je n’ai pas le virus du choléra et ne présente aucun symptôme. J’ai été arrêté à nouveau à la frontière palestinienne car il a fallu me faire tester deux fois; il y avait aussi un test qui, a-t-on dit, serait effectué par les autorités françaises. J’ai donc été forcé de rester en quarantaine à Haïfa pendant environ une semaine. J’ai été testé deux fois et après avoir été autorisé médicalement, j’ai finalement atteint ma destination le 8 septembre, Dieu soit loué!

Qu’est-ce que la quarantaine? Avant que le résident d’une zone infectée – ou un individu qui a traversé une telle zone – ne franchisse leurs frontières, chaque gouvernement s’assure qu’il ne présente aucun symptôme de la maladie. Être détenu à des fins de cautionnement s’appelle la quarantaine, et c’est aussi le nom du lieu où l’on est détenu à cet effet. Par conséquent, la quarantaine en arabe est حجر صحی (hijr sahhiyy) et محجر صحی (mahjar sahhiyy). On m’a fait rester en quarantaine à deux endroits. Je sais ce que ressent une personne dans un tel cas; on n’est pas autorisé à rencontrer qui que ce soit ni à aller chercher quoi que ce soit. À Haïfa, des membres de la Jama’at (communauté) du Maulana Jalaluddin sont venus me rencontrer, mais on ne nous a même pas permis de nous serrer la main. Ils ont simplement dit Assalamou ‘Alaykoum (paix soit sur vous) de l’autre côté de la clôture puis ils sont repartis. Les arrangements alimentaires n’y sont pas bons non plus, et la meilleure c’est que l’on doit de surcroît payer pour cette nourriture. En un mot, la quarantaine est un isolement cellulaire pendant quelques jours. Si l’on voudrait la comprendre du point de vue islamique, c’est la version sociale de la retraite religieuse, appelée i’tikâf.

La première chose ou la première leçon apprise en quarantaine, est qu’un drapeau jaune est hissé au-dessus de la zone de quarantaine, comme une sorte d’indication de l’endroit où se trouvent les malades. Il a été rapporté dans les Hadiths que lorsque le Messie Promis descendra, il sera enveloppé de deux draps jaunes. Dans la science de l’interprétation [des rêves], cela signifie deux maladies; or, la couleur de ce drapeau de quarantaine renforce physiquement [cette interprétation]. Si seulement nos adversaires pouvaient le comprendre !

La deuxième leçon que l’on apprend est qu’il faut vraiment éviter la mauvaise compagnie. Voyez-vous, je ne suis même pas entré à Bassora, mais j’ai dû endurer les conséquences d’avoir tout simplement traversé ses frontières. Comme il a été merveilleusement dit:

وَ لَا تَرۡکَنُوۡۤا اِلَی الَّذِیۡنَ ظَلَمُوۡا فَتَمَسَّکُمُ النَّارُ

[« Et ne vous inclinez pas vers ceux qui font le mal, de peur que le Feu ne vous touche. » (Le Coran, 11: 114)]

La troisième leçon que l’on apprend est que lorsqu’un gouvernement de ce monde prend autant de précautions pour entrer dans son pays, imaginez alors les précautions prises par le gouvernement spirituel et céleste ! Les gens de ce monde peuvent être trompés par les autres; mais [lorsqu’il s’agit de] Dieu, dont la vue s’étend jusqu’aux profondeurs du cœur des gens, dans quelle mesure une personne imprudente pourrait-elle échapper à Son regard?

La quatrième leçon que l’on en tire est qu’avant d’entrer dans un nouveau royaume, il est nécessaire qu’il y ait des tests et des épreuves, afin qu’il y ait un nettoyage complet [au préalable]. De même, quand on abandonne la maladie de l’incrédulité et on souhaite entrer dans le royaume de la croyance, il faut passer par des épreuves afin qu’on puisse être purifié et obtenir un certificat de sa purification de toute saleté et souillure. Il est précisé:

اَحَسِبَ النَّاسُ اَنۡ یُّتۡرَکُوۡۤا اَنۡ یَّقُوۡلُوۡۤا اٰمَنَّا وَ ھُمۡ لَا یُفۡتَنُوۡنَ

[« Les hommes pensent-ils qu’ils seront laissés tranquilles parce qu’ils disent: « Nous croyons » et qu’ils ne seront pas éprouvés ? » (29: 3)]

La cinquième leçon que l’on apprend est que ce malaise initial est en fait bénéfique pour l’individu. Cela indique que ceux qui perçoivent les difficultés venant des commandements célestes comme sources de ruine ont tort. En fait, ces difficultés sont là pour aider à façonner [le caractère d’]une personne et ne sont que pour son bien-être.

La sixième leçon que l’on en tire est que l’islam est une religion complète qui est exactement en accord avec la disposition naturelle, car en inculquant chez les gens l’habitude de s’efforcer, il désire les rendre résilients, les préparant ensuite à toute calamité future. Ainsi, du point de vue du confinement solitaire, l’i’tikâf est très similaire à cette quarantaine.

La septième leçon est la suivante : tant que les résultats du test ne sont pas connus, l’individu a peur, et lorsqu’il reçoit son certificat confirmant sa bonne santé, il oublie la détresse dans laquelle il se trouvait et devient tout joyeux. De même, les difficultés de ce monde ne sont plus rien après que l’on ait obtenu le certificat du plaisir divin; on oublie immédiatement les douleurs et les épreuves et on entre joyeusement au ciel, où il n’y a ni mort ni peur de la mort. Ce certificat est la Voix de Dieu le Tout-Puissant, un voix aimante et réconfortante, qui dit :

يَا أَيَّتُهَا النَّفْسُ الْمُطْمَئِنَّةُ ارْجِعِي إِلَى رَبِّكِ رَاضِيَةً مَرْضِيَّةً

[« O âme en paix! Retourne auprès de ton Seigneur, satisfaite de Lui et Lui satisfait de toi. Entre donc parmi Mes serviteurs choisis, et entre dans Mon Jardin. » (89: 28-31)] »

(Tiré du magazine Misbah, du 15 octobre 1931)

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