Mohammad

Liberté d’expression et les caricatures danoises du Prophète Mohammad

Aucune liberté n’est absolue. Si nous souhaitons réellement sauvegarder la liberté d’expression, il nous faudra l’utiliser de façon responsable et respectueuse envers les autres, faute de quoi nous risquons de la perdre complètement.

« C’est un triste jour où les médias – qui sont supposés informer, éduquer, et créer une entente et une harmonie entre les différentes races et religions – se mettent délibérément à provoquer et à aggraver les sensibilités religieuses par des insultes lancées contre le Fondateur de la grande religion de l’Islam. Bien que la liberté d’expression ait été utilisée comme prétexte, les médias ont la responsabilité de respecter les sentiments religieux de toutes les religions. Dans ce monde, nous vivons dans une société multi-religieuse et il nous incombe de nous comprendre les uns les autres, de respecter les croyances d’autrui, et de vivre dans la paix et l’harmonie. »

Hadrat Mirza Masroor Ahmad, Chef Suprême de la Communauté Islamique Ahmadiyya Internationale

« Ce n’est que l’entretien inutile et sans raison d’un feu dévastateur qui n’est utile à personne et qui ne rend aucun service…Selon toutes les formes de la realpolitik, c’est la mauvaise chose à faire au mauvais moment et les gens devraient rebrousser chemin sur-le -champ. » William Dalrymple, Auteur et historien

« Il vous faut respecter la piété des autres, et cela signifie respecter les icônes et les rites de leur foi; mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas en critiquer le contenu. Il nous faut plus de discussions, et moins de moquerie. » Roger Scruton, Philosophe

« Les journaux qui ont décidé de ne pas publier les caricatures du Prophète ont fait preuve de sagesse pour le bien du public. La liberté d’expression est une chose fondamentale dans notre société, et toutes les religions devraient s’ouvrir à la critique; néanmoins, cette liberté doit être utilisée de façon responsable, et avec une sensibilité pour les différences culturelles. » Richard Harries, Évêque d’Oxford

L’Islam enseigne aux musulmans de…

  • vouer le plus grand respect aux personnages saints, et surtout aux prophètes de Dieu tels que le Bouddha, Moïse, Krishna ou Jésus (que la paix soit avec eux)
  • promouvoir le dialogue et de respecter une croyance combien exécrable soit-elle aux yeux d’autrui
  • condamner toute forme de protestation violente – y compris incendier des ambassades et brûler des drapeaux étrangers ou des effigies – et toute menace de violence; car tous ces actes sont opposés aux enseignements islamiques
  • se faire les champions du droit au respect mutuel en matière de foi tel qu’il est enseigné par le Saint Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient avec lui)
  • suivre fidèlement et comprendre les enseignements de l’Islam tels qu’ils sont présentés dans le Saint Coran, qui ne mentionne nullement que Dieu a donné à l’homme le droit de répliquer par la violence à des propos provocateurs; au contraire le Saint Livre de l’ Islam proclame la prérogative exclusive de Dieu par rapport à la punition de ceux qui s’ opposent à Lui et à Ses prophètes.

Liberté d’expression et l’Islam

Nos libertés

Nous avons la chance de jouir des libertés qui sont la base même de toutes les civilisations avancées. Nous ne devons pas oublier pour autant qu’aucune liberté n’est absolue. Si nous souhaitons réellement les sauvegarder, il nous faudra les utiliser de façon responsable et respectueuse envers les autres, faute de quoi nous risquons de les perdre complètement.

La liberté à l’égard d’autrui

Je pourrais, par exemple, vouloir jouer de la musique très bruyante pour me détendre. C’est un droit qui serait dans le cadre de ma liberté d’expression. Néanmoins, si je devais le faire au petit matin, réveillant ainsi mes voisins, l’on serait en droit de m’ accuser d’avoir abusé de ma liberté, car en profitant de ma liberté j’aurai lésé les droits d’ autrui. Aucune liberté n’est donc absolue. Son exercice doit être tempéré par le respect mutuel et l’égard pour les autres.

La liberté et la responsabilité

En 2005, le Prince Harry d’Angleterre fut réprimandé pour avoir porté un uniforme nazi à un bal costumé. S’il est vrai qu’en le portant il ne faisait qu’user de sa liberté d’ expression, il est aussi vrai que par cet acte il blessait les sentiments de millions de personnes, qui elles-mêmes, ou dont les proches, avaient souffert des nazis. On lui exigea donc des excuses. Il faut faire remarquer à son honneur qu’il le fit volontier.

Les caricatures danoises du prophète Mahomet

De même, s’il est vrai que les journaux danois et la presse européenne en général font usage de leur liberté de parole pour publier des caricatures sujettes à controverse, il est aussi vrai que le résultat n’est autre que le fait que les sentiments de plusieurs milliards de personnes en sont blessés, des personnes pour lesquelles la cible des caricatures est un être très cher et extrêmement respecté. Nul ne leur niera le droit de publier ce qu’ils veulent, mais la douleur qu’ils en infligent à un grand nombre de personnes dans le monde fait que leur publication est irresponsable. Loin de soutenir notre liberté d’ expression, ce type d’agissement n’en est qu’un abus.

Pourquoi les musulmans sont-ils à ce point sensibles ?

Le respect des aînés et des autorités est enseigné à tous les musulmans dès leur tendre enfance. Ils apprennent à vouer le plus grand respect aux personnages saints, notamment aux prophètes de Dieu, et tout spécialement au Saint Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Plus d’un musulman avouera aimer le Saint Prophète (p.s.s.l) encore plus que ses propres parents, ou proches. C’est pour cela que toute tentative de ridiculiser ou d’insulter un prophète de Dieu, qu’il s’agisse du Bouddha, de Moïse, de Krishna, de Jésus, ou d’un autre (que la paix soit avec eux) est ressentie vivement par les musulmans.

La presse doit-elle se limiter a ce dont les musulmans approuvent ?

Si l’on souhaite exprimer son désaccord avec les croyances islamiques, l’on est en droit de le faire, à condition que ce soit de manière digne. Lesdites caricatures sont situées, quant à elles, bien en-deçà de ce principe. Elles ne sont que railleries et insultes. L’Islam est fortement en faveur de la promotion du dialogue et du respect pour les croyances d’autrui, combien exécrables puissent-elles paraître. Pour illustrer, prenons l’ exemple de l’Unicité de Dieu, une croyance primordiale de la foi islamique. Les chrétiens, les hindous et les bouddhistes remettent en question cette unicité divine; néanmoins, les musulmans partout dans le monde respectent leur droit à la différence d’opinion bien qu’elle soit opposée à la leur. Cela, parce que le Saint Livre des musulmans, le Coran, proclame: Que croie celui qui le veut, et que ne croie pas celui qui ne le veut pas,… (Ch. 18, v. 30)

La réaction des musulmans fut-elle justifiée ?

Dans son ensemble, la réaction musulmane a été disciplinée et digne. Toutefois, nous avons été témoins de drapeaux brûlés, d’ambassades incendiées et de menaces de violence de différentes sortes; rien de tout cela n’est soutenu par les vrais enseignements islamiques. Si brûler le drapeau danois peut paraître plutôt inoffensif à certaines personnes, il en va tout autrement pour les citoyens du Danemark, dont les sentiments sont blessés par cet acte. Au même titre que les caricatures, cette action est une utilisation irresponsable et abusive de la liberté d’expression. Toutes les protestations violentes dans le cadre de cette affaire méritent notre condamnation la plus vive.

L’Islam préconise-t-il la peine de mort pour ceux qui insultent le prophète ?

Loin de là! En fait, le fondateur de l’Islam, le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l) enseigna une grande tolérance et la patience à cet égard. De son vivant, un chef de tribu de grand renom l’avait insulté en public. Le Prophète interdit expressément toute forme de violence envers celui-ci. Lorsque l’individu en question mourut, le Prophète dirigea lui-même sa prière funéraire et supplia Dieu de pardonner à cet homme ses offenses.

La sensibilité des britanniques

L’on doit faire remarquer que beaucoup se sont prononcés contre la publication de ces caricatures en Grande-Bretagne, et la presse britannique a démontré une grande délicatesse et un sens de responsabilité en ne pas éditant ces desseins dans leur pays. Ce sens du respect et de la maîtrise de soi mérite notre admiration et nos félicitations.

L’Islam est-il sensible aux sentiments de ceux avec lesquels il se trouve être en désaccord ?

Dans le cas de différence d’opinion fondamentale avec autrui, même sur la nature de Dieu, l’Islam enseigne aux musulmans de ne pas se moquer d’autrui et de ne pas insulter non plus leurs dieux, pour éviter qu’Allah ne soit insulté en riposte. Le Coran dit: «Et n’injuriez pas ceux à qui ils en appellent à côté d’Allah, afin que, par dépit et dans leur ignorance, ils n’injurient pas Allah. Ainsi avons-Nous fait que les actions de chaque peuple leur semblent attrayantes. » (Ch.6, V.109). De même, il déconseille aux musulmans d’insulter ou de dire du mal d’autrui, tant et si bien que même où ils se trouvent confrontés à l’ignorance ou à un comportement vil, ils sont conseillés de répliquer avec dignité: «Les serviteurs du Dieu Gracieux sont ceux qui marchent sur la terre humblement, et lorsque les ignorants s’adressent à eux ils disent : ‘Paix!’ ». (Ch.25, V.64)

Le respect réciproque

L’Islam se fait le champion du respect réciproque en matière de croyance. Le Saint Prophète en a donné l’exemple. En effet, lorsqu’une fois une délégation de chrétiens vint discuter de la religion avec lui, et que ceux-ci exprimèrent leur désir de prier, le Prophète (p.s.s.l) leur offrit sa propre mosquée pour ce faire. Bien que ces chrétiens n’ acceptassent pas Muhammad en tant que prophète, ce dernier respecta néanmoins leur droit au désaccord et aussi leur droit de prier comme bon leur semblât – et ce, dans sa propre mosquée.

Le Prophète de l’Islam, qui est très honoré par les musulmans, a aussi attiré les éloges de non musulmans au cours des siècles. En voici quelques exemples  :

« Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ? » L’historien Alphonse de Lamartine, HISTOIRE DE LA TURQUIE, Paris, 1854, tome II

« Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels d’un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ? » Alphonse de Lamartine

« Un Prophète, porteur du message divin, fut envoyé à un peuple de bergers inconscients qui erraient dans le désert depuis la création du monde. Les inconscients devinrent de respectables personnalités et les faibles prospérèrent dans un monde qui se transformait. Moins d’un siècle après cet événement, les Arabes arrivèrent à Grenade et à Delhi. Durant plusieurs siècles, les valeurs, le génie et les splendeurs de la civilisation arabe brillèrent à travers le monde, lui apportant fécondité et foi profonde. Une nation prospérait et façonnait l’histoire de l’humanité dont elle élevait la conscience. Les Arabes, le prophète Mohammed et ce premier siècle furent comme une étincelle qui avait jailli sur un monde insignifiant de sable noir et qui apporta le Paradis de Delhi à Grenade. L’humanité entière l’attendait car c’était l’étincelle qui allait l’animer. Elle allait désormais resplendir. » Traduit de l’anglais – Extrait d’un discours prononcé le vendredi 8 Mai 1840, sous le titre : ‘The Hero as prophet’ par Thomas Carlyle, un des grands penseurs du 19e siècle, devant les représentants des églises anglicanes de Grande-Bretagne

« Les mensonges [calomnies occidentales] qu’un zèle bien intentionné a entassés autour de cet homme (Mahomet) ne sont un déshonneur que pour nous-mêmes. » Traduit de l’anglais – On Heroes, Hero-Worship, & The heroic in history par Thomas Carlyle, 1993, University Of California Press, p. 38

« Il est impossible, pour quelqu’un qui étudie la vie et le caractère du grand Prophète d’Arabie (Mahomet), pour quelqu’un qui sait comment il enseignait et de quelle façon il vivait, d’avoir d’autre sentiment que le respect pour ce prophète prodigieux, l’un des grands messagers de l’Etre Suprême. Même si mes discours contiennent bien des choses qui sont familières à beaucoup d’entre vous, chaque fois que je les relis moi-même, je sens monter en moi une nouvelle vague d’admiration, un nouveau sentiment de révérence, pour ce puissant précepteur arabe. » Traduit de l’anglais – Annie Besant, sociologue, The Life And Teachings Of Muhammad, Madras,1932, p. 4.

« La façon dont il accepta les persécutions dues à sa foi, la haute moralité des hommes qui crurent en lui et qui le prirent pour guide, la grandeur de son œuvre ultime, tout cela ne fait que démontrer son intégrité fondamentale. La supposition selon laquelle Mohammad serait un imposteur soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout. Et pourtant aucune des grandes figures de l’histoire n’est si peu appréciée en Occident que le Prophète Mohammad. »
Traduit de l’anglais – W. Montgomery Watt, Mohammad At Mecca, Oxford, 1953, p. 52.

« Il (Mahomet) était le plus fidèle des protecteurs pour ceux qu’il protégeait, le plus doux et le plus agréable dans la conversation. Ceux qui l’aperçurent furent remplis d’une révérence soudaine ; ceux qui se rapprochèrent de lui se mirent à l’aimer ; ceux qui le décrivirent, dirent : ‘Je n’ai jamais vu son pareil ni avant ni après lui.’ Bien qu’étant d’une grande taciturnité, lorsqu’il parlait c’était avec force et délibération, et nul ne pouvait oublier ce qu’il disait… » Traduit de l’anglais – The Speeches And Table-Talk Of The Prophet Mohammad, par Stanley Lane-Poole, Macmillan, 1882

« Mohamed était un exemple lumineux pour son peuple. Son caractère était pur et exempt de tâche. Sa maison, son habillement, sa nourriture, tout était caractérisé par une rare simplicité. N’étant pas prétentieux, il ne voulait recevoir aucune marque de révérence de ses compagnons, et ne voulait recevoir de son esclave aucun service qu’il pouvait se rendre lui-même. Il était accessible à tous et à tout moment. Il rendait visite aux malades et était plein de sympathie pour tout le monde. Sa bienveillance et sa générosité étaient sans limites, de même que son souci anxieux pour le bien-être de la communauté. » Traduit de l’allemand – Geschichte Der Islamitischen Volker, par le Dr. Gustav Weil, Stuttgart, Riegerm, 1866.